Depuis le début des années 2000, Europacorp pond à la chaîne des thrillers génériques, tournés en anglais, pour tenter de toucher le marché américain. Procédé qui cartonne à l'occasion. Le plus souvent, Luc Besson se contente d'être producteur de ses "œuvres". Mais quand il est motivé ou inspiré (ou à la dèche après le cuisant échec commercial de "Valérian" ?), il passe lui-même derrière la caméra. Voici donc "Anna", qui s'avère rapidement être un gigantesque pied de nez au spectateur, le prenant pour une parfaite andouille. En effet, le film est tout d'abord un remake à peine déguisé de "Nikita", la subtilité en moins, et sans apporter grand chose de plus. Là où le personnage de Nikita était travaillé, Anna est réduite à une motivation : c'est une femme pleine de ressources voulant sa liberté. Mais Besson repompe aussi allègrement à droite à gauche sur ce qui marche dans les années 2010, notamment "John Wick" ou "Atomic Blonde". Et le souci c'est que la comparaison ne plaide pas en sa faveur. A l'image de cette séquence de baston dans le restaurant : pas mauvaise techniquement, mais complètement calquée sur du "John Wick" (jusque dans certaines prises), en beaucoup moins nerveux, et totalement improbable (les garde du corps attendent sagement leur tour). Sans compter qu'il est risible de voir un mannequin au physique de brindille mettre par terre des gorilles russes en deux mouvements. Ensuite, l'intrigue du film est balourde au possible. Les twists sont aussi gros que prévisibles. Et là où un bon film d'espionnage des 60's/70's nous les expliquerait en une phrase ou un sous-entendu, Besson se croit obligé de nous envoyer quinze flashbacks dans la figure. On revoit ainsi la moitié des scènes du film sous un autre angle, pour bieeeeen expliqueeeeer au spectateuuuuuur qui aurait "l'esprit un peu lent". Si bien que quiconque un déjà vu un film d'espionnage se voit vraiment pris pour une buse, et a l'impression que le film ne raconte rien, et le raconte mal. Sans parler de l'absence totale de développement de personnages (Cillian Murphy, Luke Evans, et Hellen Mirren sont classe mais font presque de la figuration, c'est triste). Ou de l'affrontement entre CIA et KGB qui semble provenir d'un scénario écrit par un collégien. Mais pas d'inquiétude, si l'intrigue du film ne vous passionne guère, vous pourrez vous délecter d'un jeu très amusant : "Où c'est qu'il est où mon anachronisme ?". Car "Anna" est en tout simplement bourré, à tel point que l'on se demande s'il s'agit d'une parodie ! L'action se déroule entre 1985 et 1990, mais tout le monde s'habille comme en 2010, et utilise des téléphones portables des années 2000. Le top étant ces agents qui utilisent un enregistreur à bande magnétique... pour regarder la vidéo sur un écran plat en full HD (messieurs les accessoiristes, ce n'était pas la peine de vous fatiguer !). "Anna" est donc une bonne blague palindromique, qui n'a pas aidé Europacorp à se rétablir de l'échec de "Valérian", le film ayant été lui aussi un bide...