A voir l’inévitable bande-annonce dans les salles, il y avait de quoi soupçonner Luc Besson d’avoir voulu revenir vers quelques-uns des succès qui ont fait de lui un incontournable dans le paysage du cinéma français à la fin des années 80 et au début des années 90. En effet, son nouveau film "Anna" semblait se situer à mi-chemin entre "Nikita" et "Léon". Du coup, avec cette idée toute faite, le spectateur est en droit de s’attendre à du lourd. Pour l’avoir vu, je dirai que "Anna" n’est clairement pas au niveau du Besson que nous avons connu lors des films précités (pour ne parler que d’eux). Cela ne veut pas dire qu’il est mauvais, bien au contraire. Avec ce film, il redore un peu son blason. Dans les faits, "Anna" est plus proche de "Nikita" que de "Léon". D’abord parce que le personnage principal est une femme, et ensuite parce qu’il y a des similitudes troublantes : enrôlement suite à une grosse connerie, sa première mission montée comme un casse-pipe... Là où ça se rapproche de "Léon", c’est tout simplement parce que l’héroïne est la meilleure dans son domaine. Perso, je la rapprocherai plutôt (veuillez me pardonner cette idée un peu loufoque) de "Hitman" que de "Léon" pour la maîtrise de son art, par cette capacité à garder son calme, etc… enfin bref, là n’est pas l’important. Par rapport à "Nikita", le contexte est quelque peu différent, ainsi que la psychologie du personnage. Et bien que considérant que mourir en leur compagnie puisse être la plus belle mort rêvée selon moi, je vais quand même proscrire de chez moi bas nylon et porte-jarretelles parce que… une femme qui s’habille ainsi, ça m’a tout l’air d’être super dangereux, car je ne veux pas subir une mort aussi violente, sans aucun rapport avec ces froufrouteries ! Quoique ma femme est brune, alors… ça devrait aller, d’autant que mon épouse n’a rien d’une tueuse à gages (ouffff !!!). Enfin j’espère parce que le souci est que l’héroïne est capable de prendre n’importe quelle apparence ! En cela (pour reprendre un propos plus sérieux), le parallèle fait avec les poupées russes est très bien vu. Sacha Luss rend une bonne copie, conforme avec l’écriture du personnage. Tueuse implacable d’un côté, mais aussi tellement humaine de l'autre. De la même façon que pour le personnage Léon incarné par Jean Reno ou Nikita par AnneParillaud, on ne parvient pas à détester son personnage, et c’est même tout le contraire mais dans une moindre mesure quand même. En tout cas, on salue sa capacité à se fondre dans le décor, pardon à s’infiltrer et à s’adapter à toutes les situations. Luke Evans rend aussi une bonne copie, Cillian Murphy également. Par contre mon bémol viendra d’Helen Mirren. Je ne sais pas vous, mais pour moi, la voir en russe ne colle pas. Je n’y ai pas vraiment cru, pour ne pas dire pas du tout. Après, c’est un film qui est monté différemment de ce que Besson nous avait donné l’habitude de voir. L’histoire débute en 1985, suivie d’une ellipse passant sur cinq années. Au cours du film, nous reviendrons sur ces années ratées, mais pas seulement. Ces retours en arrière sont assez désarçonnant au début, mais en fait c’est une belle astuce du cinéaste pour amener plus de poids aux rebondissements, sans même parler du fait qu’ils expliquent bien tout le film en nous donnant les tenants et aboutissants, bien plus complexes que ce qu’ils paraissaient au début.. Pour ce qui est de la musique, le retour d’Eric Serra est remarqué aux côtés du réalisateur. Le compositeur signe là encore une bonne partition avec sa patte reconnaissable entre mille, encore qu’elle est émaillée de chansons préexistantes. Le must est l’orchestration de l’action sur la chanson "Need you tonight" du groupe INXS. Non, c’est un bon film oui, mais pas exceptionnel non plus. Il aurait été davantage apprécié s’il était sorti pus tôt, je pense. Beaucoup plus tôt. Mais s’il était sorti avant, aurions-nous apprécié autant "Nikita", ou plutôt condamné un sentiment de léger déjà vu comme nous pouvons aujourd'hui le ressentir ?