Chers lecteurs et chères lectrices, chers abonné(e)s, c’est tout auréolé de mon badge tout neuf de membre du Club300 que je vous présente ma critique concernant le chef-d’œuvre (et sans doute le meilleur film avec "Chaplin") de Richard Attenborough. Une merveille cinématographique qui pourrait se passer aisément de tout commentaire, n’ayant d’égal que la grandeur de Gandhi, cet artisan de l’indépendance de l’Inde vis à vis de l’Empire britannique. Je me souviens des obsèques télédiffusées dans le monde entier d’Indira Gandhi, Première Ministre de la République d’Inde assassinée le 31 octobre 1984. C’était impressionnant de voir tout ce cérémonial et le recueillement de tout un peuple pour les funérailles d’une femme qui portait le même nom que celui du père de la nation, sans lien de parenté faut-il le préciser. Eh bien nous retrouvons ce rituel lors de l’impressionnante scène d’ouverture, au cours de laquelle l’allocution d’un journaliste définit à la perfection cet homme : "(…) est l’objet de cet hommage massif, est mort tel qu’il a mené sa vie : simplicité absolue, pas de fortune, pas le moindre bien, ni position officielle, ni titre honorifique. Le Mahatma Gandhi n’était ni un capitaine d’armée, ni le souverain de vaste contrée. Il n’aurait pu se targuer de n’être ni un grand savant, ni d’être un artiste. Néanmoins, des hommes, des gouvernements, des dignitaires du monde entier sont venus aujourd’hui rendre hommage au petit homme basané vêtu d’un pagne, qui a mené son pays à la liberté. Selon le général George Marshall, secrétaire d’Etat américain, le Mahatma Gandhi est devenu le porte-parole de la conscience de l’humanité ; c’était un homme qui avait rendu l’humilité et la simple vérité plus puissantes que des empires. Et Albert Einstein a ajouté, les générations à venir auront peine à croire qu’un tel homme ait jamais existé en chair et en os sur cette Terre". Il vous faut savoir que Mahatma n’est pas le prénom de Gandhi. C’était un qualificatif que le peuple lui accordait (en plus de "Bapu" qui signifiait "Père"), et qui voulait dire "grande âme". Pour interpréter l'homme qui fut le guide spirituel et celui du mouvement pour l’indépendance du pays, il fallait un acteur qui se caractérise par son humilité. Je crois qu’on ne pouvait pas trouver mieux que Ben Kingsley, qu’on retrouvera des années plus tard dans (entre autres) "La liste de Schindler" pour interpréter un homme ayant accompli un formidable travail (encore) d’ombre et d’importance. Sa ressemblance avec le Mahatma a dû jouer un rôle prépondérant, et pour parfaire cela, Ben Kingsley s’imposa un régime drastique, tant et si bien que de nombreux indiens ont cru (carrément) que Gandhi s’était réincarné. Vous pourrez le constater de par vous-mêmes grâce aux images d’archives incorporées, ou encore par les différents documents que vous trouverez sans difficulté sur la toile. De plus, son nom le prédestinait à ce rôle, puisque Mohandas K. Gandhi est descendu à Kingsley Hall, un hôtel londonien des quartiers populaires, pour assister aux premières discussions sur l’indépendance de l’Inde. Impossible pour Ben Kingsley donc d’échapper au rôle-titre qui lui rapportera en 1983 l’Oscar mérité du meilleur acteur, en complément des Oscars reçus par Richard Attenborough pour avoir été le meilleur réalisateur et l'auteur du meilleur film. Vous en dire plus sur ce film serait un outrage, aussi je vous laisse découvrir sur la musique aux couleurs locales (signée George Fenton et Ravi Shankar), l’incroyable prestation de Ben Kingsley, au gré d’une réalisation d’une immense sagesse et d’un profond respect, afin de vivre l’histoire très documentée de cet homme hors du commun, à partir de son avènement provoqué incidemment, jusqu’à son décès. Je vous laisse découvrir une œuvre-hommage qui vous raconte en 3h10 le combat de 55 années d’un homme à la détermination de tous les instants, une obstination qu’on ne retrouve qu’en de trop rares occasions. Cette rareté, c’est ce qui fait la grandeur intouchable des hommes tels que Martin Luther King, Nelson Mandela et, bien sûr, Mohandas Karamchand Gandhi, pour ne citer qu’eux. Je vous laisse découvrir aussi les moyens humains développés avec un grand nombre de figurants, mais aussi les petites performances d’acteurs ici et là, comme ce juge qui condamne Gandhi à 6 ans de prison, mortifié par une décision qu’il ne peut remettre en cause, et que seuls sa raison intérieure et le tremblement de ses mains contestent. Je vous laisse découvrir ce pays aux multiples visages, tant au niveau des décors que des ethnies qui le peuplent. Vous découvrirez un pays où la faune a sa place, allant des éléphants aux vaches sacrées, en passant par le cri des paons pourtant absents du plan. Ce biopic est donc une œuvre qui se caractérise par la crédibilité, l’humilité, les citations célèbres de Gandhi, des citations qui ont encore plus à ce jour leur place dans le vaste monde dans lequel nous vivons.