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Yves G.
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1,0
Publiée le 23 janvier 2018
Dans la capitale libanaise, un gratte-ciel en construction domine fièrement la mer. Des ouvriers s'y affairent. Ils viennent de Syrie où la guerre civile fait rage. Interdits de sortie, ils vivent dans les sous-sols de cet immeuble d'où ils suivent, depuis leur téléphone portable, les destructions qui ravagent leur pays.
Après avoir lu cette présentation, le spectateur crédule pourrait croire que "Taste of Cement" documente l'exil des Syriens au Liban et le drame de leurs vies brisées. Ce ne serait qu'à moitié vrai. Car ce documentaire choisit délibérément le parti pris de la poésie voire de l'onirisme pour traiter d'une réalité politique autrement prosaïque.
Il ne nous dit rien sur la situation de cette diaspora. On entend une voix off qui, sans lien avec les images qui l'accompagnent, raconte, à la première personne, les souvenirs d'un enfant (syrien ?) dont le père allait travailler sur les chantiers libanais et en revenaient imprégné de "l'odeur du ciment".
Il ne nous la montre guère plus. La caméra, souvent embarquée sur un drone, filme en longs plans-séquences l'immeuble immense qui s'élève lentement au dessus de Beyrouth. Ces plans ne sont pas sans beauté : la verticalité du béton, l'horizontalité de la mer produisent des effets vertigineux. La bande son est saturée de bruits : bruits qui montent de la ville embouteillée, bruits des outils qui œuvrent de l'aube au crépuscule sur le chantier de construction.
Puis on plonge dans les entrailles du monstre, la nuit tombée. Les travailleurs - dont on comprend enfin qu'ils sont syriens et exilés, obligés à fuir un pays en guerre - y sont parqués. Des images, parfois saisissantes, du conflit s'intercalent avec celles, plus paisibles de la construction qui continue du building libanais.
Pendant la première demie-heure, on est hypnotisé. Pendant la deuxième, on s'endort. Les images de la guerre nous réveillent durant la dernière ; mais, faute d'être expliquées, elles ne sauvent pas le spectateur de la catatonie dans laquelle il était plongé.
La guerre au Liban est terminée, mais en Syrie elle fait encore rage. Des réfugiés ont fui à Beyrouth. En échange, ils construisent des gratte-ciels, tandis que leurs propres maisons sont bombardées. Mais à partir de 19h, le gouvernement libanais impose un couvre-feu aux exilés. Coupés du monde, ils n’ont le soir que leur petit écran de télévision, la radio ou leurs smartphones pour suivre les actualités. C’est avec une grande appréhension qu’ils zooment sur les photos pour voir s’ils connaissent telle personne abattue ou tel bâtiment détruit. Grâce à une réalisation visuellement splendide, Ziad Kalthoum réaliste un documentaire hors du temps car tout est dans l’attente et le silence. Parfois les silences en disent davantage que les longs discours. On aurait souhaité en avoir un peu, histoire de nous éclairer davantage sur cet exile latent. Taste of Cement est ambitieux mais donne malheureusement l’impression d’avoir voulu faire du beau en filmant le ciment plutôt que de dresser le portrait d’hommes en quête d’un lendemain meilleur. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Ziad Kalthoum donne la parole aux ouvriers étrangers de l’industrie du bâtiment. Dans un Liban en perpétuelle reconstruction, l’emploi de main-d’œuvre étrangère est une pratique courante. Ici, le documentariste met dans le champ de sa caméra ceux venus de la Syrie voisine. Ces hommes ont laissé leur famille au pays et eux sont venus au Liban pour quelque argent supplémentaire immédiatement expédié pour subvenir aux besoins de leurs proches restés dans un pays en guerre. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/travelling/travelling-2020/
Le goût du ciment (traduction du titre original) a une double signification pour le réalisateur, spoiler: d’une part, c’est l’odeur de son père quand il revenait du travail, participant à la reconstruction de Beyrouth après la guerre civile et d’autre part, le goût dans la bouche qu’il a ressenti après avoir été enseveli sous sa maison bombardée. Le documentaire évoque la vie d’exil des syriens qui ont fui leur pays en guerre et qui construisent des immeubles à Beyrouth. spoiler: Ils subissent, dans un Liban en paix, un couvre-feu dès 19 h, les obligeant à vivre dans des conditions précaires, sans loisirs et dont le smartphone leur sert de lien avec ceux qui sont restés en Syrie. Malheureusement, le film est trop long (85 mn) et brouillon, avec alternance de prises de vues à Beyrouth (constructions d’immeubles) et en Syrie (scènes de guerre avec des chars et sauvetage de civils ensevelis), sans vrai fil conducteur. On ressent néanmoins l’enfermement, l’étouffement que subissent les syriens et même la sensation d’être sans-dessus dessous spoiler: avec une séquence où la caméra suit le mouvement circulaire du malaxeur d’un camion bétonnière roulant dans Beyrouth . Le réalisateur a néanmoins un vrai sens de l’esthétique à travers le cadrage et l’éclairage. .