Après avoir réalisé les magnifiques portraits des SDF parisiens à travers Au bord du monde (2014), Claus Drexel est parti aux États-Unis prendre le pouls d’une Amérique divisée en deux, à l’occasion des élections présidentielles de 2016 qui se sont déroulées quelques semaines après le tournage. Pour cela, il est allé à la rencontre des “rednecks”, ces américains profondément attachés à leur pays (ses valeurs et ses traditions).
Le réalisateur nous embarque avec lui au fin fond de l’Arizona, plus précisément à Seligman, une petite bourgade d’à peine 460 habitants, perdue entre Monument Valley et la Route 66. Le cadre est posé, sans la moindre surprise, la plupart des habitants de ce patelin soutiennent principalement le candidat Donald Trump (rares sont ceux à dire ouvertement qu’ils voteront pour Hillary Clinton).
L’Amérique profonde et rurale, comme figée dans le temps, le décor est posé et le réalisateur nous offre une galerie de personnages haut en couleur, fiers de ce qu’ils sont et de leurs acquis, jamais avare pour dire tout le mal qu’ils pensent des immigrés ou de ceux qui dénigrent les États-Unis. Ce sont des pro-armes bien évidemment, à l’allure de cowboy pour les uns ou ventripotent et barbe hirsute pour les autres, une chose est sûr, ils voient tous en Donald Trump, la relève pour permettre à leur pays de rester la 1ère puissance mondiale et surtout, faire oublier les années de Barack Obama, quitte à tirer un trait sur l'Obamacare.
« Nous ne voulons pas soutenir quelqu’un qui agit comme Hillary Clinton ! Elle est infestée par la perfidie. »
America (2018) n’est qu’une goutte d’eau dans la représentation des pro-Trump, le réalisateur n’ayant pas fait le choix de filmer dans d’autres villes ou d’autres États. Claus Drexel réalise ici un très beau documentaire ponctué par de très beaux plans des paysages d’Arizona et magnifié par le chef op’ Sylvain Leser et superbement accompagné par la partition musicale d’Ibrahim Maalouf. Dans le même registre, impossible de ne pas repenser à Monrovia, Indiana (2019) de Frederick Wiseman, sorti un an plus tard.
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