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    Un grand voyage vers la nuit
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    Tumtumtree
    Tumtumtree

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    5,0
    Publiée le 3 février 2019
    Comment vous dire...? C'est exactement comme si le Andreï Tarkovski de Stalker et du Miroir avait décidé d'adapter Mulholland Drive de David Lynch dans le pays de Jia Zang Ke. Vous voyez ? "Un grand voyage vers la nuit" n'est pas un poème visuel, ni une prouesse technique. C'est le récit très concret d'un homme parti à la recherche d'une femme disparue dont l'enquête est entrecoupée de résurgences du passé. Cette première partie, magistrale dans la forme, est peut-être, au fond, la plus réussie. Des plans séquences vertigineux de sophistication et de beauté racontent en pointillés cette recherche à travers une Chine contemporaine en plein délitement. Aucun de ces plans n'est raccord avec le suivant ; on oscille entre les périodes et les lieux, guidé par une voix off grave et inquiète, et par une musique superbe. Et puis tout à coup, tout s'arrête. Le titre du film apparaît à l'écran et les plus récalcitrants à cette expérience cinématographique ultime se croient enfin libérés. Mais non, s'ouvre alors la seconde partie du film, un plan séquence unique de 30 minutes non stop. Un rêve, car il n'y avait que dans un rêve que les fils de ce récit pouvaient se démêler. La continuité temporelle et spatiale de cette séquence qui nous mène du fond d'une mine à un spectacle de karaoké après avoir franchi un ravin au bout d'une corde est si rare qu'en sortant du cinéma, on se croit encore dans les songes du personnage... Et comme alors on a le fin mot de l'histoire, on n'a qu'une envie...: y retourner !

    Pour ceux que ça intéresse, voici l'histoire remise dans l'ordre chronologique, telle que je l'ai comprise après avoir vu le film deux fois :
    spoiler: Adolescent, le héros a vu sa mère partir avec un autre homme. C'était une femme excentrique qui se teignait les cheveux en rouge. Elle disait à son fils de manger une pomme en entier quand il est triste. On le voit faire cela étant jeune avec une femme inconnue derrière lui, sans doute après que sa mère l'ait quitté. Il travaille dans un salon de coiffure et est ami avec "Le Chat". Celui-ci meurt dans une embuscade organisée par le méchant au chapeau blanc alors qu'il allait lui livrer des pommes (symbole de tristesse pour les hommes dans le film). Le héros récupère un revolver dans le tas de pommes. Le cadavre du chat est jeté au fond d'une mine (scène du wagonnet). A la même époque, le héros est amoureux d'une femme. Ils se sont rencontrés quand notre héros enquêtait sur la mort du Chat ; il l'interroge brutalement puis cherche à s'excuser ; elle lui réclame des pomelos pour cela (voir plus loin). Elle est cambrioleuse et a volé un livre vert dans la maison d'un couple. Ce livre parle de deux amants dont la maison tourne sur elle-même quand on récite une incantation. Elle veut donner le livre à l'homme qu'elle aimera, donc notre héros. Ils se voient dans une maison abandonnée qui est implicitement assimilée à celles des amants du livre. Cette femme ressemble à sa mère, ce que démontre une photo ancienne qu'il détient. L'histoire d'amour est impossible car elle est sous la coupe du méchant qui a tué le Chat. Elle tombe enceinte, le héros dit qu'il veut apprendre le ping-pong à son fils, mais elle dit avoir avorté. Quand elle est triste, elle ne mange pas des pommes, mais des pomelos, un fruit qu'on ne trouve qu'en hiver ; on la voit pleurer en en mangeant dans un cinéma. Le méchant les surprend alors qu'ils veulent s'échapper, leur histoire est finie, ils se perdent de vue. Il semble que le héros ait tenté de tuer le méchant dans un cinéma, mais on ne sait pas si cela se concrétise. Plus âgé, l'homme repart à la recherche de la femme. Elle a changé d'identité, a été mariée à un homme qui tient un hôtel et à qui elle racontait des histoires pour le payer. Elle se dit stérile (peut-être suite à son avortement). Elle a quitté cet homme et est devenue chanteuse dans un dancing. On voit sa photo sur un camion que suit par hasard le héros. Celui-ci mène l'enquête. Le film commence en une scène où il vient de faire l'amour avec une femme inconnue, se réveille et sort d'un rêve avec la femme disparue. Dans son rêve, la femme a une montre cassée. Lors de son enquête, il retrouve la photo ancienne dans l'horloge de la maison abandonnée (horloge qui est assimilée à celle que son père regardait peu de temps avant de mourir (mais ce n'est pas la même)). Il va en prison interroger la complice du cambriolage de la maison des amants. Un ami policier lui donne la nouvelle identité de la femme aimée. Il retourne dans sa ville natale pour la retrouver et rend visite à son ancienne patronne coiffeuse puis va à l'hôtel où l'ex-mari de la femme lui apprend qu'elle est devenue chanteuse. Il va au dancing et n'a qu'à attendre 9h pour que le spectacle commence et donc pour retrouver la femme qu'il aime. Il sait que c'est sa seule et unique chance de la retrouver car c'est la dernière du spectacle ; tout le quartier sera détruit le lendemain matin. Il attend dans un cinéma porno, met des lunettes 3D et s'endort. Le rêve commence (plan-séquence de 30 min). Tout ce qui précède est métamorphosé, comme dans nos rêves. Il se trouve au fond de la mine où a été jeté le chat. Il y rencontre un enfant, son fils avorté, avec qui il joue au ping-pong. Son fils lui donne le manteau qu'il dit être à son père. Or le père, c'est lui. Il quitte la mine, il dit à l'enfant qu'il n'est pas son père et ne peut pas lui donner un nom (il se trompe) mais accepte de lui donner un surnom : "jeune chat" (sauf erreur de ma part). Il retrouve la femme qu'il aime mais elle ne l'admet pas, ou ne le sait pas. Elle joue à un jeu pour gagner trois pomelos ce qui la rendrait riche (la tristesse est ici inversée avec le bonheur ; le rêve est en hiver alors que la réalité était en été). Ils quittent le billard grâce à la raquette de ping-pong magique donné par leur fils. Elle veut lui montrer la maison des amants qui tourne sur elle-même. Il voit un enfant remplir de pommes les sacs d'un cheval ; les pommes tombent, elle shoote dedans (sans doute par inversion du thème de la mère). On découvre alors qu'elle est chanteuse, comme dans la vraie vie. Là, une femme à moitié folle apparaît. C'est la mère, elle a les cheveux teints en rouge (comme évoqué dans la discussion avec la coiffeuse). Elle va retrouver son amant avec qui elle veut fuir. Le héros, donc son fils, la suit et l'aide à partir. Il rejoue donc la scène qu'il a vécu enfant, mais cette fois, aide sa mère. Il lui réclame un objet précieux. Elle lui donne une montre cassée. Elle part. Il pleure et mange la pomme qu'il voulait lui offrir. Il retrouve la femme qu'il aime et lui offre la montre cassée de sa mère. Elle l'emmène voir la maison des amants et sous-entend qu'elle l'a cambriolée (elle dit que le meuble avait beaucoup de cadenas mais qu'il n'y avait que du linge dedans). Il se souvient de l'incantation, la récite, ils s'embrassent et la maison tourne sur elle-même. Le film prend fin sur l'idée de l'éphémère de la vie incarné par le feu de bengale.

    En fait, tout ce film est une réflexion sur des degrés de réalité divers qui s'interpénètrent : la vie, la mémoire, le rêve, le roman, le cinéma. Beaucoup de scènes se passent dans des salles de cinéma. Et c'est là que le rêve commence dans une logique d'imbrication. Il semble que pour l'auteur le rêve soit supérieur à la vie car le récit se résout dans le rêve, alors que le héros était à deux doigts de retrouver la femme dans la vraie vie. La structure du récit est circulaire : le film commence par un rêve où la femme a la montre cassée de la mère et se termine par une séquence rêvée où cette montre est donnée à la femme aimée. Il est clairement dit que rêver est un moyen de ne pas oublier, que la mémoire est faite de vérité et de mensonge et que le cinéma est composé de mensonges ordonnés en séquences successives. Le thème du temps est aussi omniprésent, par les montres, les horloges, le feu de bengale, etc.
    J'ai probablement commis des erreurs dans mon résumé. Il faudrait voir ce film 4-5 fois pour tout maîtriser.
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