A bientôt 48 ans, le réalisateur roumain Radu Muntean est un habitué du Festival de Cannes : Boogie, son 2ème long métrage, était à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008, le 3ème, Mardi après Noël, à un Certain Regard en 2010 et le 4ème, L’étage du dessous, dans cette même sélection en 2015. En 2018, les palaces ne sont plus les mêmes : c’est Locarno qui a accueilli Alice T., le 5ème long métrage de Radu Muntean, et Andra Guti, la jeune interprète du rôle d’Alice, est repartie avec le Prix d’interprétation féminine.
Pas facile, quand on n’a jamais pu avoir d’enfant et qu’on a fini par adopter une petite fille, de se retrouver un jour avec cette enfant, devenue une adolescente rebelle de 16 ans, qui vous annonce qu’elle est enceinte et qu’elle refuse de se faire avorter. Un problème de plus pour Bogdana Tarpan, qui, après son divorce, élève seule Alice, très souvent menteuse et manipulatrice, un problème encore plus grave que ceux que cette dernière n’arrête pas de rencontrer dans son lycée. Mais il n’est pas interdit d’évoluer et, dans l’esprit de Bogdana, pourquoi, après tout, cet enfant ne deviendrait-il pas celui qu’elle n’a jamais réussi à avoir ? Quant à Alice, elle voit dans cet enfant la possibilité de devenir une sorte de reine dans sa famille tout en étant consciente des difficultés qui l’attendent.
Il est rare qu’un film soit aussi nettement partagé en deux parties aussi différentes : une première partie intense, nerveuse, superbe, une seconde partie beaucoup moins vive, à la limite de la mièvrerie. Un point commun, toutefois, entre ces deux parties : la grande qualité des très longs plans séquence qui mettent vraiment en valeur le jeu des interprètes.