“Viendra le Feu », d’Oliver Laxe, est un film authentique, avec des valeurs, les vraies, notamment humaines et morales. Le réalisateur nous convie aux retrouvailles d’Amador, qui rentre chez lui après avoir fait de la prison et pour acte de pyromanie, et de sa mère Benedicta, qui vit dans une petite ferme avec leur chien et trois vaches. Nous sommes donc ici en milieu rural, et dans un tout petit hameau perdu quelque part dans les montagnes de la Galice. C’est un film lent, puisqu’ici le rythme est principalement celui du quotidien paisible, et de la nature. Il y a de fait peu de dialogues, et pour mieux capter notre attention sur ce qui est projeté. Benedicta, de son amour inconditionnel, accueille le retour de son fils, sans jugement, ni effusion d’ailleurs, et presque sans aucun mot, car on ne s’épanche pas dans ce milieu humble. Pudeur, ou l’on n’a pas appris à être démonstratif, tout simplement. Fort heureusement, il y a quand même un peu de chaleur, et même de la tendresse, de la part du fidèle chien Luna, bien sûr, et, de la vache, eh oui ! cette dernière étant bien indispensable, pour ce foyer modeste. Les anciennes connaissances témoignent compréhension, bienveillance, tolérance pour le retour de l’enfant du village. Ici, il y a la nature qui nous entoure, dominante, grandiose, à laquelle on est liés, mais qu’Amador considère vraiment comme étant la sienne, aussi, il ne veut pas la partager. Alors que les voisins travaillent à la préparation de futures chambres d’hôtes, il voit d’un œil noir la perspective d’« étrangers » qui vont probablement bientôt arriver « mais qu’est-ce qu’ils viendront faire ici chez nous ? s’interroge-t-il ? Alors, le feu est-il son remède contre ceux qu’il considère comme des intrus, comme ces grands arbres qui sont pour lui « des cancers » « avec leurs racines qui s’infiltrent partout »... . Mais, finalement, on n’en saura rien. Ce film est un cri d’alerte, un manifeste et une déclaration d’Amour à la Terre ! Oliver Laxe nous donne une piqûre de rappel, il nous répète qu’il faut la contempler, pour peut-être mieux nous faire prendre conscience, toujours, du bien précieux dont nous disposons, et d’y porter la plus grande attention.