Les films ayant pour ambition première d’explorer la question du temps, du passé, du présent, du futur, ne sont pas très nombreux. Bien sûr, ce sujet est sous-jacent à beaucoup de films, mais ici, il s’agit du thème même de l’oeuvre et non pas seulement d’un des éléments parmi d’autres. Pour l’illustrer, Valerio Mieli met en scène un couple d’amoureux interprétés par les talentueux Luca Marinelli et Linda Caridi. Leur histoire commune tout comme leurs histoires personnelles se racontent, tout au long du film, par le biais des souvenirs.
Or l’une des questions posées par ce long-métrage concerne le bien-fondé des souvenirs. « Ils mentent, affirme, lors d’une des scènes, Luca Marinelli. Ils rendent les choses plus belles qu’elles n’étaient. » « Non, répond Linda Caridi. Au contraire, ils révèlent la beauté qu’on n’avait pas su percevoir au moment même où avaient lieu les divers événements qu’on raconte. » Ce qui est sûr, néanmoins, et le film le fait percevoir, c’est que le temps altère les souvenirs, parfois même les distord ou les transforme. Mais ils influent quand même sur le présent et peuvent orienter le futur dans des directions qui n’étaient pas envisagées.
Difficile d’en dire davantage, car un film comme celui-ci, constitué de beaucoup de plans courts qui s’enchevêtrent sans se fonder sur la chronologie, ne peut guère se résumer. La plupart des plans sont admirables d’un point de vue formel. La photographie et les décors ont été réalisés, choisis, composés de manière remarquable. Reste cependant, quand le film s’achève, une impression un peu brouillonne. Les scènes sont belles, sans aucun doute, mais leur juxtaposition peine quelque peu à faire sens. Ou, en tout cas, leur agencement demande, de la part du spectateur, un gros effort d’attention pour en démêler la portée.