Si certains ministres du logement se rassurent de penser qu'il n'y a que 50 SDF qui dorment dehors à Paris par nuit, particulièrement en ces temps glacials, le moindre que l'on puisse dire, c'est que l'accueil en urgence des personnes en difficultés n'est pas une priorité des finances publiques. "Un jour ça ira" se passe dans un CHU, non pas un centre hospitalier, mais un centre d'accueil d'urgence, en l’occurrence un rare lieu où les familles peuvent rester six mois, là où dans la majorité des cas, les crédits disponibles obligent les travailleurs sociaux à sortir de l'établissement, les hébergés dès les premières heures de la journée. Les murs sont sales, les chambres sont étroites, à la limite de l'insalubrité, ce qui, sans doute a poussé les responsables de l'Association Aurore à déménager dans un autre immeuble. Les familles côtoient les personnes isolées, sans doute pour le meilleur et pour le pire. Le choix des deux documentaristes est d'attarder son regard sur une ribambelle d'enfants qui errent depuis des mois d'un centre à l'autre. Comme dit l'un, ce sont des serial déménageurs ! Le propos est évidemment très humaniste, a fortiori lorsqu'il s'agit de regarder la façon dont un pays traite ses pauvres, ses immigrés, et ses familles en difficultés sociales. Le problème c'est que le film sombre dans un tire-larmes qui dessert totalement la cause des réalisateurs. On pleurniche à longueur de temps, alors que ces enfants n'ont pas besoin des sanglots pour exprimer la violence sociétale dont ils sont les victimes. "Un jour ça ira" emprunte son affiche à un projet éditorial que les mêmes enfants construisent avec des articles, des poèmes ou des chansons qui racontent leur terrible périple. En tous les cas, ce film demeure un objet d'intérêt public pour tous ceux qui méconnaissent le traitement indigne qui est fait dans la cinquième puissance du monde, aux immigrés récemment débarqués sur le territoire, ou aux mal-logés.