Première Avant-première d'un beau film choral de mères, de femmes, de filles, où on retrouve l’esprit d’un Claude Sautet. Est-ce la présence de Nicole Garcia dans le film "Garçon !" de 1983 et dans celui de Marie-Castille Mention-Schaar ? Dans le film de Claude Sautet où l'histoire se focalisait sur un univers d’hommes, ce film choral de personnages de mères est un univers presque exclusivement de femmes. Les rares hommes qui le traversent sont des « hommes-mères », comme ce personnage de fils-poule interprété par Vincent Dedienne qui couve à l’étouffer sa mère, interprétée par l’excellente Nicole Garcia. Nicole Garcia à qui l’on doit l’une des scènes très drôle du film, celle où elle demande à son voisin d’ôter sa chemise avant d’aller ouvrir la porte de son appartement à son fils, qui à la vue de cet homme à moitié nu, s’enfuit en courant, laissant à sa mère, quelques instants de répits !
Le casting est excellent, chaque comédienne trouve le ton juste. Audrey Fleurot dans un rôle difficile de femme Présidente de la République, arrive à rendre crédible cette femme, jeune mère dans l’exercice de ses fonctions présidentielles, avec à ses côtés le comédien Gustave Kervern dans le rôle du mari de la Présidente, comédien que Marie-Castille Mention-Schaar a choisi un peu à contre-emploi de ses rôles habituels, souhaitant « que Gustave Kervern costumé pour la première fois en smoking, puisse donner un autre visage que celui qu’on lui connait au cinéma, (…) je le trouve très bel homme (…), quand il s’est regardé dans la glace, il n’a pu réprimé un « ouah » admiratif ! ». On pense tout de suite au couple Hollande-Royal si Ségolène Royal avait été élue en 2007. Mention spéciale aux trois comédiennes interprétant les trois filles de la mère interprétée par Marie-Christine Barrault, Clotilde Courau, Olivia Côte et Pascale Arbillot, chacune représentant les archétypes de la relation d’une fille à une mère distante, sans affection apparente pour ses enfants, celui de la fille qui calque sa vie sur celle de sa mère, celui de la fille qui joue une partition à l’opposée de celle de sa mère refusant la maternité et celui de la fille qui emprunte une troisième voie, ne pouvant avoir d’enfants, celle de l’adoption. Ces quatre comédiennes offrent une très belle scène à la fin du film, magnifiquement mise en scène par Marie-Castille Mention-Schaar, une scène toute en silence, en regards, chaque fille s’effaçant progressivement pour laisser partir leur mère vers un ailleurs, un film sur la transmission mère/enfant, sur la mort et le temps qui passe. A retenir cette citation sous forme d’épitaphe relevé sur une tombe par un des personnages « Vous dites beaucoup de bien de moi maintenant que je suis morte, dommage, je ne peux vous entendre ».