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brunocinoche
91 abonnés
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4,0
Publiée le 4 mai 2020
Après avoir raconter l'ascension de Mussolini à travers sa compagne dans le très beau "Vincere", Marco Bellocchio visite à nouveau l'Italie du 20ème siècle en dressant le portrait de l'homme qui fit tomber la Cosa Nostra dans les années 80. Récit implacable habilement mené, film terriblement efficace et très intelligent dans sa construction, le film vaut surtout pour la performance charismatique de l'acteur Pierfrancesco Farino.
Moins intéressant selon moi que le chef d'oeuvre du cinéaste que fut Vincere, car la structure documentaire prédomine ici, il n'en reste pas moins que Le Traître est d'une grande force. Puissant et magnifiquement mis en scène, le film est à la fois vibrant, d'une grande richesse de la photographie (le Brésil est magnifiquement filmé) et superbement joué par Pavino. Le film possède enlui une belle structure opératique, expressionniste qui évoque parfois le cinéma muet. Le cinéaste innove avec ses brusques changements de rythme où alternent de réelles moments d'émotion et des phase d'une grande violence. D'ailleurs les scènes de crimes sont filmées très sèchement sans emphase (comme le pratiquaient Scorcese ou Coppola). Mais il fallait de la créativité pour que la caméra filme à l'intérieur de la voiture. Aucun lyrisme des crimes mais une observation de la violence qui surgit vite même si, tout au long du film, la tension, la peur d'un évènement tragique règne en permanence. La dimension documentaire, qui peut lasser parfois, finit par être éducative ; ce qui se dit au tribunal est crucial. Nous avons l'impression que la Mafia vit un vrai tourment de son existence. Quand au parrain repenti, il vit et vivra en permanence dans sa culpabilité et surtout dans sa solitude qui le submerge .... mais il ne veut pas mourir. Une belle idée de scénario. Notons que le court métrage qui accompagne le DVD de Télérama : La lutte, est un sublime.
La valeur documentaire de ce film sur la lutte contre la mafia sicilienne l’emporte sur tout le reste, car il y tout de même beaucoup de longueurs. La vie de ce repenti qui a permis d’affaiblir sérieusement « cosa nostra » est intéressante, ainsi que le rôle du juge Falcon qui a payé de sa vie ses investigations. Quelques scènes savoureuses au tribunal.
J'ai regardé Le Traître avec intérêt parce qu'il raconte un moment important de l'Italie contemporaine. Parce qu'il travaille aussi avec beaucoup de finesse la figure du traître, et nous invite à nous demander qui, de Buscetta ou de Riina, a véritablement trahi "la Cosa Nostra". La réponse apportée est tout en clair-obscur, et soulève des questions importantes concernant la responsabilité de l'État italien - Andreotti en tête - et concernant le rejet réel, par Buscetta et les autres repentis, de l'activité mafieuse en tant que telle. Buscetta est un personnage ambigu qui se réfère constamment aux valeurs d'un passé idéal, oubliant par la-même sa propre implication dans des méfaits peu honorables. Tout cela est évidemment fascinant, mais la réalisation elle-même me semble trop concernée par la reconstitution précise des faits historiques, même si quelques passages oniriques traversent le récit. Il y a en effet, à mon sens, trop peu de véritables moments de cinéma dans Le Traître, ce qui lui donne parfois un aspect légèrement désincarné, à force de trop vouloir faire vrai. Les innombrables ellipses contribuent aussi à donner cette impression d'incomplétude, et ne permettent pas à ce Buscetta de cinéma de prendre entièrement chair, malgré la performance remarquable de l'acteur principal. Vincere ou, plus récemment, Esterno Notte, sont peut-être donc plus aboutis, ce qui n'enlève rien aux qualités évidentes de ce film.
Un résumé de l'Histoire de la Cosa Nostra et de ses grandes figures à travers celui du "traitre". Captivant et intéressant, il donne envie de s'intéresser de plus près à cette période sombre. Réalisé d'une main d'un maître du sujet, ce film vaut le détour.
Un film fort sur la mafia en général et plus particulièrement sur la vie du célèbre repenti Tommaso Buscetta, qui a coopéré avec les autorités suite à la "deuxième guerre de la mafia" en 1981/82. Favino, l'acteur qui l'incarne, réussit à humaniser partiellement ce "soldat" qui se revendique de la vieille mafia, à l'époque où celle-ci respectait un code d'honneur. Le juge Falcone le ramène vite à la réalité : il n'y a pas plus de bon mafieux que de bonne mafia. Les scènes de procès des chefs lors du maxi-procès sont les plus intéressantes. La haine des parrains à l'égard du repenti n'était pas feinte : en révélant les agissements de cette organisation, Buscetta ne faisait pas que les envoyer en prison : il brisait le mythe de criminels qui se présentaient comme des gens respectant des principes (pas touche à la famille, à la drogue, etc) qu'ils trahissaient en réalité quotidiennement. Les mafieux ont perdu leur liberté (au moins temporairement) mais aussi leur respectabilité. Pour avoir vu des extraits de la confrontation Buscetta/Riina, le réalisateur n'a pas altéré la réalité. Riina est bien ce mafieux mal habillé, mal peigné, sans prestance, mais impitoyable et sans pareil pour manipuler ses semblables. Les acteurs jouent globalement très bien (Ferracane, Alesi...). Une réussite.
Un peu de déception pour avoir beaucoup espéré de ce film, dont la longueur n'est pas synonyme de lenteur toutefois. On suit le rythme avec intérêt et la description du milieu mafieux est bien rendu, même si on a le sentiment d'un peu de déjà vu (le Parrain, Scarface, etc.). La partie relative aux procès est beaucoup moins intéressante, sans que ce ne soit sa nature qui soit aride : on a davantage aimé le documentaire en deux parties diffusé il y a peu par Arte, nettement plus intéressant pour expliquer et comprendre les tenants et aboutissants. La fin sauve malgré tout un peu le film, avec une forme de dérision sur le personnage que l'on n'attendait pas. Les acteurs sont assez bons,
Un très bon film qui s'appuie sur des faits réels. Il suit le parcours de Tommaso Buscetta, un membre de la mafia sicilienne, qui décide de livrer toute la vérité sur cosa nostra. Ses confessions vont permettre de faire tomber des dizaines de têtes. Sa collaboration avec le juge Falcone vont permettre de mettre en place un gigantesque procès qui se déroulera à Palerme en 1986. Un biopic très bien documenté.
Cette fiction qui retrace un procès maintes fois vu et revu dans les documents d'archives est de bonne facture. bonne interprétation, mais un doublage insupportable, comme dans la plupart du cinéma italien. A voir en v.o de préférence. ----Décembre 2020----
Un sujet délicat, une bonne maîtrise de la mise en scène, un découpage en flash backs, de bons acteurs ... un gros regret toutefois, le film n'explique pas comment et encore moins pourquoi Buschetta est devenu repenti ... qu'est ce qui le fait trahir et devenir un traitre ... vraiment dommage que le film n'explore pas ce moment où il décide de passer de l'autre côté ...
Assassinats à tout va, fêtes, baptême… « Le Traître » démarre sans demi-mesure et peut être difficile à comprendre dans un premier temps. Nous sommes dans les années 80 et la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. La mafia, c’est comme une famille, c’est sacré. Alors lorsqu’une personne joue la carte de la trahison, c’est un véritable tournant. C’est pourtant ce que va faire Tommaso Buscetta en collaborant avec la justice. Pour lui, la mafia est une invention journalistique, il préfère le terme Cosa Nostra et considère ses membres comme des hommes d’honneur. Buscetta a vu la moitié de sa famille se faire assassiner par des clans rivaux, dont celui de Riina. En étant le premier des grands repentis de la mafia, il va permettre l’arrestation de 366 personnes. Le film nous montre comment ce soldat influent a fui la Sicile au début des années 80 pour s’installer au Brésil avec sa femme et ses enfants. Arrêté par la police brésilienne, torturé et extradé en Italie, il finira par trahir le serment fait à Cosa Nostra pour protéger sa famille en se confiant au juge Falcone. Si le réalisateur signe une première partie un peu trop expéditive, il se rattrape pleinement dans la dernière. Construit comme un immense théâtre, Marco Bellocchio met en scène le maxi-procès avec humour et rythme de feu. « Le Traître » est finalement une fresque incroyable de confrontations verbales basée sur une vérité historique. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Il est parfois reproché aux films de gangster de glorifier des personnages peu recommandables. Ce reproche peut difficilement être adressé à ce film. « Le traître » raconte l’histoire d’un des plus célèbre repenti de la mafia italienne dont les témoignages auprès du juge Falcone ont notamment permis de faire tomber Toto Riina l’un des grands parrains de l’organisation. Il dépeint un univers et des personnages totalement pourris, ou les embrassades précèdent bien souvent des coups de couteaux dans le dos. Dans le rôle titre Pierfrancesco Savino (que l’on peut retrouver dans les excellents Subura et Acab) fait transparaître parfaitement les sentiments de ce personnage qui n’a plus d’illusion sur le système dans lequel il était impliqué , sur ses « valeurs » et sur les personnes qu’il côtoyait. Sa trahison n’en est finalement qu’une parmi tant d’autres dans un système pourri. Le film reprend beaucoup de codes et de passages obligés du film de gangster mais en proposant autre chose, une autre vision qui n’est jamais romantique, exagérée mais impressionnante de réalisme.
Un film très fort parfaitement mis en images par Marco Bellocchio. avec une mise en scène et un montage parfaits, le réalisateur Italien met pleinement en avant le coté humain de ce soit disant "traitre" à la Cosa Nostra. Ce Drame, tiré de faits réels, nous propose des séquences très violentes mais aussi des scènes d'un très grande beauté. A souligner également, le charisme grandissime de Pierfrancesco Favino, il réalise une très belle prestation d'acteur pour le rôle principal de Tommaso Buscetta.
Un film de haute facture, porté par une interprétation à la hauteur et une mise en scène exceptionnelle. L'histoire de ce repenti est passionnante, et prend aux tripes de la première à la dernière minute. Même si "Le traître" répond en tous points aux films habituels de mafia, celui-ci se dégage néanmoins, grâce à une mise en scène habile, de l'intensité dans le récit, et des dialogues et situations pour le moins surprenants. J'ai en tout cas adoré de bout en bout.
Avec le Traitre, Bellocchio signe assurément un grand film de genre, mais également un grand film sur l'Italie dans la lignée du Guépard et de l'Italie américaine du Parrain. Avec des personnages forts et ambivalents, il donne de la profondeur non seulement à une Cosa Nostra qui se délite, mais également à une Italie qui elle aussi se bouleverse. Un film simple et puissant. Une histoire de l'Italie. Passionnant !