"Les Sorcières d'Akelarre" de Pablo Agüero raconte la rencontre des sorcières basques avec l'Inquisition espagnole en 1609. Un groupe de jeunes filles participent à une fête énigmatique dans les bois de cette province basque et les émissaires du Roi, sous le commandement du juge Rostegui (brillamment interprété par Àlex Brendemühl), accusent alors ces jeunes femmes de sorcellerie dont l'objectif est d'invoquer le Diable. Le film devient ensuite une sorte de huis-clos entre deux espaces, la cellule où toutes les jeunes filles sont emprisonnées et ces dernières se vouent alors à chanter la plupart du temps ; puis le salle où elles doivent avouer leur mission une par une devant le juge Rostegui. En effet, ce dernier souhaite savoir comment ces dernières ont fait pour invoquer et séduire Lucifer puis comment se réalisent les cérémonies d'invocation dans les bois basques, que savent-elles sur le Sabbat (Akelarre), comment se déroule cette cérémonie sibylline où le Diable adoube ses servantes, "ses sorcières d'Akelarre" puis s'accouple avec celles-ci.
Ce film a notamment remporté cinq Goyas en mars dernier : la meilleure directrice artistique pour Mikel Serrano, les meilleurs effets spéciaux, la meilleure musique originale, les meilleurs costumes et les meilleurs maquillages et coiffures. Il est vrai que la direction artistique du film est remarquable, Pablo Agüero nous retransmet l'ambiance d'une province basque dans les années 1600 où l'Inquisition espagnole règne de plus belle. De plus, la chanson que chante constamment les jeunes filles et qui revient lors du final grandiose est impressionnante tant le rythme que les paroles qui portent tout le sens du film. Quant au final, comme indiqué précédemment, celui-ci est époustouflant, la lumière, la musique, la chorégraphie, l'interprétation des actrices et d'Àlex Brendehmül, tout y est, et puis surtout la dernière scène est incroyable en tout point, toutes les interrogations que nous avons pendant 1h30 se résolvent à la toute dernière minute puisqu'effectivement, tout le film joue sur l'ambivalence entre vérité et mensonge, les jeunes filles sont-elles les sorcières d'Akelarre ou l'Inquisition espagnole se trompait-elle ? On note néanmoins et par moments certaines longueurs pas forcément nécessaires à la trame narrative. En ce qui concerne l'interprétation d'acteur, Àlex Brendehmül porte clairement le film, son regard, ses dialogues, sa prestance, tout y est encore une fois, mais il est également très bien épaulé par l'actrice Amaia Aberasturi, protagoniste des sorcières et qui porte un regard sur cette ligne directrice entre la vérité et le mensonge, puis par Jone Laspiur qui a récemment remporté le prix Goya du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Ane de David Pérez Sañudo.