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Caine78
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3,0
Publiée le 17 juillet 2018
Aborder le sujet des viols collectifs (non punis) en Turquie, voilà qui n'était pas évident, surtout sous le format court-métrage animé. Ayce Kartal y parvient plutôt bien, jouant assez bien de la déformation des images et des perspectives pour provoquer le trouble chez le spectateur. Cela écrit, si je n'avais pas su de quoi parlait « Vilaine fille », je ne suis pas du tout sûr que j'aurais compris le propos tant celui-ci est abstrait, étrange. Multi-primé à travers le monde, j'avoue ne pas partager l'enthousiasme débordant des spécialistes, car n'ayant pas su saisir toute l'essence du propos, ce qui n'empêche pas de saluer l'audace et l'originalité de la démarche d'un sujet, hélas, terriblement d'actualité.
Sur un sujet douloureux et inspiré d’une histoire vraie (spoiler: viol collectif d’une fillette en Turquie ), le fond est mis au second plan par la forme : un dessin très « brouillon », bougeant sans cesse (peu de persistance rétinienne) et très confus : certes, il s’agit de ce que ressent la fillette, mêlant de bons souvenirs d’enfance chez ses grands-parents pendant les vacances et le cauchemar de son agression que l’on finit par deviner vers la fin du film (8 mn). Il est toujours difficile de raconter l’indicible mais, ici, la confusion de la mise en scène (au sens large) dessert le sujet.
Très beau court-métrage qui emmène le spectateur dans les rêveries nostalgiques et troublées d'une petite fille. Ses souvenirs de ses vacances chez ses grands-parents pour lesquelles un fort attachement transparaît se doublent d'une figure mortuaire violente exprimée dans l'alternance (de)crescendo, semblable à un cauchemar. Ce décalage est habilement choisie pour faire comprendre à chacun l'appréhension d'un choc post-traumatique, ici, par un enfant, suite à des violences physiques de n'importe quel ordre, dans une dimension subjective très forte, et ainsi la compréhension de l'injustice de la situation, via la prise de conscience de son statut de victime. La figure du Dieu protecteur se transforme en monstre terrifiant, les deux ayant pour point commun de n'avoir pas de visage, de ne pouvoir qu'être imaginée, enfin, que cette imagination reste gravée dans l'esprit de la victime pour le reste de sa vie, sans moyen d'y remédier qu'en intégrant cette violence subie. Qu'il est agréable de découvrir un film d'animation de cette qualité!