Nouvelle escapade cinématographique pour ma part avec ce bicopic à l’effigie de Lee Miller, photographe du XXème siècle, symbole du surréalisme puis reporter de guerre. Vous savez certainement à quel point j’aime les récits de vie, ainsi je ne fais pas partie des détracteurs des biopics et suis au contraire toujours curieux de découvrir la vie qu’on nous raconte et la manière dont c’est fait. Ici, on retrouve tous les procédés de base du biopic - le film s’ouvre sur une scène prenante, Lee Miller parle de son vécu à un journaliste, la postérité des personnages est écrite dans le générique - mais c’est bien fait et on passe un véritable moment de cinéma à la fois doux, beau, émouvant et très dur. Pendant presque deux heures, on nous submerge d’informations, on nous laisse reprendre notre souffle, bref : on joue terriblement bien avec le rythme. On a l’impression de passer un long moment, mais on ne s’ennuie jamais et on en ressort avec le cœur martelé d’une multitude d’émotions. Sur l’aspect technique, la qualité est superbe, les musiques accompagnent très bien l’œuvre, les acteurs sont tous très bons (notamment Kate Winslet qui fait de Lee une femme forte et charismatique) et le scénario fonctionne. Mais là où le film est fort, c’est qu’il va plus loin et fait office, en plus d’une représentation féministe assumée, d’un témoignage essentiel en usant du devoir de mémoire. Le voir remettrait sûrement quelques idées en place. On passe beaucoup de temps en pleine Seconde Guerre Mondiale sans volonté d’atténuer l’horreur et les frissons, qui ne nous lâchent que dans quelques transitions lascives, s’accentuent dans les camps de concentration. On prend conscience que la France ignore où vont leurs proches qui disparaissent et qu’on emmène ailleurs dans des trains qui semblent directement conduire à la mort. La découverte des camps est particulièrement poignante, tout comme la fin du film, tout en passant tout une vie sous l’œil contemplatif et criblé de grain d’un appareil photo. Je regrette juste qu’on ne s’attarde pas plus auprès des surréalistes - Man Ray n’est cité qu’une fois - tant j’aime ce courant artistique et ses représentants. Ma mention spéciale va cette fois à la scène autour du poème Liberté, de Paul Éluard - un de mes poètes préférés - alors que ce dernier est largué en masse dans les rues pour donner du courage. On prend conscience en le voyant de la puissance de la littérature, c’est un hommage admirable à ce fabuleux poème. Pour conclure, c’est une chouette découverte, complète et fondamentale, n’hésitez plus.