Le film s’ouvre par une scène à glacer le sang. Dans un paysage de la Cordillère des Andes, une femme surgit au milieu de moutons, face à la caméra. Elle a la gorge tranchée, elle essaie de retenir sa tête, mais, bien sûr, en vain. Elle s’effondre. Et il ne s’agit là que de la première des nombreuses scènes horrifiques du film. Il faut avoir le cœur bien accroché pour regarder la pléthore de tableaux répugnants que se plaît à composer le cinéaste.
Le film n’est cependant pas dénué de tout intérêt. Il met en scène des personnages intéressants, énigmatiques. Des flics étranges et, semble-t-il, frustrés, un suspect qui entend des voix, de fantomatiques motards dont on ne sait pas vraiment qui ils sont… Cela donne à ce long-métrage une atmosphère mystérieuse et assez captivante. À quoi s’ajoutent les paysages enneigés des montagnes que met bien en valeur le réalisateur, particulièrement lorsqu’il place en évidence des sommets qui forment trois fois la lettre M.
Malheureusement, tout ce potentiel est, en fin de compte, gâché par l’abondance des scènes horrifiques que le cinéaste a cru bon de montrer sans détours. Le pire advient à la fin du film
lorsque surgit un monstre réel (on peut le supposer, en tout cas) qui semble échappé de Star Wars afin de semer l’épouvante
. En vérité, ce n’est pas la frayeur qu’engendre cette créature, mais plutôt le sarcasme. Elle ne fait pas peur, elle n’est que risible ! En voyant ce gâchis, comment ne pas avoir la nostalgie du cinéma des années 30, 40, 50 ? En ce temps-là, les cinéastes maniaient à merveille l’art de la suggestion, ils n’éprouvaient pas la nécessité de tout montrer, ils faisaient confiance à l’imagination des spectateurs, et leurs films restent encore et toujours fascinants ! Ce qui n’est certes pas le cas de ce film d’Alejandro Fadel.