Etant un ardent défenseur d’un cinéma d’action ou d’aventure qui serait proprement européen, j’aurais vraiment pouvoir aimé dire qu’on avait affaire à un chef d’oeuvre. En pratique, en Europe, seul le cinéma français a les reins assez solides pour offrir quelque chose d’une certaine ampleur visuelle mais vu le patrimoine historique et littéraire exploitable, c’est déjà largement suffisant. Jean-François Richet, qui a à son actif l’excellent film sur Jacques Mesrine sorti voici une dizaine d’années ressuscite donc Eugène-François Vidocq, figure historique largement exploitée par la fiction en des temps désormais lointains, ancien bagnard, roi de l’évasion, passé de l’autre côté de la loi pour traquer ses semblables dans les bas-fonds de Paris à la tête de la Brigade de Sûreté, une force de police semi-officielle composée d’ancien malfrats. Quoiqu’il arrive, le résultat promettait d’être différent du nanard science-fictionnel et visuellement barré tourné par Pitof au début des années 2000. En soi, ‘L’empereur de Paris’ demeure un divertissement honorable : la capitale telle qu’elle se présentait sous l’Empire est brillamment reconstituée et les scènes d’action, à l’ancienne, ne manquent pas de panache...mais quelque chose cloche, à l’image de Vincent Cassel qui, s’il a clairement le physique de l’emploi, est à la peine pour imposer cette figure de flic en redingote aux marges de la légalité. Le scénario manque un peu d’épaisseur, les personnages sont à l’avenant et, à l’instar de ce qu’est devenue la figure de Vidocq aujourd’hui, le résultat semble hésiter entre le portrait historique plus ou moins fidèle et la dimension semi-légendaire dont la littérature l’a pourvu. Il en résulte de nombreux coups de mous en cours de séance, et on guette avec envie les rares apparitions de Denis Lavant, aussi dégoûtant que d’habitude dans le rôle d’un chef de bande rival, et celle d’un Fabrice Luchini cauteleux dans celui de Fouché, pour apporter un peu de piquant et de prestance à ce film de cape et de pistolet trop timide à mon goût.