Ayant eu la "chance" d'être figurant le temps d'une journée sur le film Vidocq, campant un soldat napoléonien dans une taverne crasseuse - en costume d'époque, s'il vous plaît - j'ai tout de suite vu que le film misait gros sur le réalisme : costumes, maquillages, ambiances, décors, accessoires, etc. Et cela se voit à l'écran : la restitution d'époque est belle et soignée, peut être trop. Car cela ne suffit pas à rattraper les errances d'un réalisateur, d'un scénariste, d'un dialoguiste et d'acteurs en manque d'inspiration : le scénario n'est pas travaillé - rien sur les méthodes d'arrestation de Vidocq, suspens quasiment nul, succession de scènes de parlotes et de scènes violentes, un peu en toc, d'ailleurs - ; les acteurs sont franchement très moyens, et, malgré toute l'admiration que je porte à Vincent Cassel et sa prestation dans Mesrine, La Haine, Sheitan, etc., je l'ai trouvé ici peu convaincant, pas assez habité par le rôle. Cela s'est d'ailleurs remarqué pendant le tournage qui, à mon goût, "sonnait faux", tout comme le résultat final, avec des acteurs qui avaient l'air, disons le clairement, de s'emmerder. Les rôles féminins, quant à eux, sont franchement réduits à néants, niaiseux, caricaturaux, érotisés, à la limite du "fait moi un regard caméra exprimant la jalousie, s'il te plaît, mord toi les lèvres, et tire toi". D'ailleurs l'amourette fleur-bleue entre Vidocq et Annette, qui se finit au pieu au bout de dix minutes, est vraiment bâclée, et surtout très dispensable. Bon, Luchini, seul acteur qui tire son épingle du jeu : il colle à l'époque, joue son rôle, et, surtout, sa diction est très bonne, bien adaptée à son personnage et à son époque. La diction, parlons en, car c'est l'un des principaux problèmes du film : les dialogues et la manière de les dire ne sont pas corrects, trop artificiels et, encore une fois, le rendu sonne faux. On a comme l'impression d'entendre du Michel Audiard à la sauce XIXème siècle. Je vénère Audiard, mais pas à cette époque. Alors, oui, le casting est 5 étoiles, mais peut-être trop, le film ayant tendance à s'y reposer. En fait, le film en fait trop, mais en même temps pas assez, et ça finit par devenir rien de plus qu'un affrontement stérile, vu et revu, entre deux hommes aux lames bien aiguisées, Vidocq et Nathanaël (l'Alsacien). Et comme on a souvent coutume de le dire pour des films un peu ennuyeux et qui ne valent pas franchement la peine : tout est dans la bande annonce ! Finalement, le principal problème de l'œuvre de Richet est de ne pas avoir réussi à choisir entre film d'histoire et film de divertissement, et le tout finit inexorablement et très rapidement par s'égarer. Un moment d'égarement, pourrait-on dire...