J'en attendais beaucoup au départ, moins après sa bande-annonce, confirmée par des critiques juste correctes, tout en gardant un minimum de confiance vis-à-vis du projet. Certes, il est évident qu'on peut lui faire des reproches à cet « Empereur de Paris » : nul doute que le contexte historique aurait gagné à être (nettement) approfondi et enrichi, d'autant plus frustrant que l'on sent un scénario souhaitant lui donner de l'importance, sans y parvenir. De façon générale, cela manque d'incarnation, de chair : les personnages sont nombreux et ont tous du potentiel, sans qu'un seul soit réellement exploité de façon satisfaisante. Impression assez similaire pour l'interprétation, aucun ne parvenant vraiment à briller : Vincent Cassel fait tout juste le job, Freya Mavor a beaucoup de mal à exister, Denis Ménochet est peu subtil, tandis qu'on a plus l'impression de voir Fouché jouer Fabrice Luchini que l'inverse... Ceux s'en sortant le mieux sont August Diehl, Olga Kurylenko, Patrick Chesnais, Denis Lavant et James Thierrée, bien dans le ton de l'œuvre. Reste que si ne sommes pas face au grand film espéré, il y a de vrais motifs de satisfaction : d'abord, visuellement, c'est quand même du sacré boulot : décors, costumes, reconstitution... Tout a manifestement été pensé avec beaucoup de soin, tout comme le travail sur l'image et le son (ces bruits de pistolet : whaou). Jean-François Richet respecte son public et cela se ressent : malgré quelques lourdeurs, sa volonté de renouer avec le cinéma d'aventures des 60's est palpable, notamment à travers l'image qu'il donne de Paris (dans sa dimension très sale, poisseuse) et de ses occupants, son sens du rythme et du montage évitant tout ennui, certaines scènes sachant même apporter de légers frissons, le récit, aussi imparfait soit-il, ne nous laissant pas indifférent. Qu'un si beau projet n'aboutisse pas sur une vraie réussite soit frustrant, je peux tout à fait l'entendre. Maintenant, je vais aussi dans une salle obscure pour passer un bon moment, voyager : en cela, le contrat est rempli. À défaut d'être marquant, un divertissement populaire de qualité.