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Yves G.
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2,0
Publiée le 14 novembre 2017
"La Bombe et nous" est un documentaire qui ne cache pas ses partis-pris. Son titre inutilement racoleur et son affiche l'annoncent sans fards : la bombe atomique constitue la principale menace à "notre" monde, une menace d'autant plus dangereuse qu'elle reste cachée.
Pourtant l'histoire de la bombe atomique contient suffisamment d'enjeux dramatiques et politiques pour mériter une grande fresque façon "Apocalypse" (un titre qui, au demeurant, lui conviendrait mieux qu'aux deux guerres mondiales).
Le documentaire de Xavier-Marie Bonnot souffre de son approche partisane et de ses moyens limités. Le réalisateur a certes rassemblé des archives impressionnantes. Mais il les expose sans rigueur, passant des essais français dans le Sahara au "Projet Manhattan" pour revenir au 6 août 1945 et aux témoignages émouvants des hibakusha, les survivants de l'explosion d'Hiroshima.
L'histoire de la bombe atomique aurait mérité une présentation plus structurée. Son invention d'abord au milieu de la Seconde guerre mondiale, sous l'aiguillon de la menace nazie. Ses deux premières utilisations non pas contre Hitler mais contre Hiro Hito et la question, toujours lancinante, de leur pertinence stratégique. L'acquisition de sa technologie par l'URSS qui ouvre l'âge de la destruction mutuelle assurée. La crise des missiles de Cuba en 1962 et la périlleuse acquisition par les deux Supergrands des règles de l'équilibre de la terreur. La doctrine nucléaire française et chinoise de la dissuasion du faible au fort. La constitution d'un "club nucléaire" en 1968 constituée des seuls États dotés qui interdits aux États non dotés de franchir le seuil nucléaire et le contrôle des armements dans les années 1970-80 (les accords SALT, START...). La reconnaissance internationale des mouvements anti-nucléaires : Pugwash puis ICAN, prix Nobel de la paix respectivement en 1995 et en 2017.
Soixante-dix minutes est bien court pour présenter cette riche histoire. Et pour le faire avec objectivité. D'autant que la parole n'est guère donnée qu'à des anti-nucléaires - à la notable exception de Hubert Védrine dont le réalisme fait souvent mouche. Le documentaire de Xavier-Marie Bonnot n'aurait pas dû passer en salles. D'ailleurs, sorti le 1er novembre il n'a guère été diffusé que dans une seule salle confidentielle de la montagne sainte-Geneviève dont il a disparu, dès la seconde semaine, de la programmation après une ultime séance-débat hier soir.
Très bon documentaire qui donne la parole à différents points de vue. Il est intéressant d'entendre l'évolution d'anciens généraux ou ministres expliquer pourquoi cet armement est obsolète pour la sécurité et son maintien extrêmement dangereux pour cette même sécurité. Les conséquences humanitaires sont clairement énoncé. Ce film arrive à point nommé au moment où 122 pays signent un Traité d'interdiction de l'arme atomique et où la Campagne ICAN obtient le Prix Nobel de la Paix. Lorsque le générique apparaît, on n'a pas vu passer le temps.