Liquider les gens, littéralement... Street Trash, ou l'attaque des gens transformés en pepperonis multicolores, qui dégoulinent, qui hurlent, qui ne ressemblent plus à rien d'autre qu'un masque de chez Joué Club flottant dans de la bouillie bariolée. Le film affiche fièrement son budget de baguette de pain, ravissant les amateurs de série Z juteuse, ponctuée par ses répliques bas du front, ses personnages stéréotypés, son machisme d'époque (les femmes sont au mieux inintéressantes), son scénario régressif qui veut liquider (littéralement) toute la populace appauvrie au moindre coup de gnôle engloutie... Si vous avez l'occasion de trouver, comme nous, la version restaurée à l'occasion du Blu-Ray, cela fait un bien fou pour les yeux : les couleurs sont criardes à souhait, l'image d'une netteté absolue, la photo (déjà très soignée, surtout pour un film "Z" !) n'en est que plus belle. Plus que le délire très bête et très mal truqué (volontairement), on s'est surpris à aimer ces plans qui foncent à travers les décors, zooment avec une vivacité impressionnante, laissent la part belle aux scènes de glougloutements humains, une photographie amoureuse des beaux travelings et des contre-plongées (Jim Muro, le réalisateur, se lancera dans une carrière de steadycamer juste après Street Trash, avec quelques bijoux à son actif comme Titanic, Casino ou Terminator 2... On sent que le bonhomme sait tenir une caméra dès cet unique film réalisé), reléguant les plans d'ensemble à l'ennuyeux, sur ce point Street Trash nous a bluffé. Si vous cherchez le plus simplement du monde un film qui jette partout des tripes (multicolores, oh le bel arc-en-ciel de cervelas !), arrêtez-vous sur la version (magnifiquement) restaurée de Street Trash. Fonctionne aussi pour arrêter de boire, sauter un repas, ou calibrer la colorimétrie de votre téléviseur.