In Fabric : les secrets du tournage

D'origine britannique, Peter Strickland signe avec In Fabric son premier film qui se déroule en Angleterre, plus précisément à Reading, sa ville natale. "Si on m’avait dit il y a 10 ans que j’allais faire un film sur les soldes de janvier à Reading, je me serais probablement évanoui. Mais c’est génial de faire un film qui se déroule là-bas" raconte-t-il. Après avoir voulu s'éloigner de l'Angleterre en emménageant en Hongrie, revenir dans son pays d'origine lui paraît désormais exotique.

Avec In Fabric, le réalisateur voulait explorer comment les gens interagissent avec les vêtements : "J’imagine que c’est un drame très humain au fond. [...] Le pouvoir de l’association avec un objet et comment cela peut nous hanter est ce que j’essaye d’ouvrir comme sujet". À travers le personnage de Babs et sa dysmorphose, ou de Reg et son fétiche pour les collants, il s'agissait de représenter différents rapports aux vêtements, du dégoût à l'excitation.

La vendeuse du magasin est interprétée par Fatma Mohamed, qui a tournée dans tous les films de Peter Strickland. Ce dernier raconte : "Je l’ai trouvée dans une petite ville de Transylvanie, un de ces coups de chance qu’on a parfois dans la vie ; elle s’investit pleinement dans tout ce qu’elle entreprend. Je n’aurais pas pu imaginer faire un film sans elle".

Pour Peter Strickland, le sound design est primordial dans tous ses films et il est d'autant plus quand le budget est faible. Beaucoup de trucages sonores ont été faits pour les scènes dans le magasin mais seules les voix des clientes à basse fréquence ont été gardées, "ce qui est à la fois apaisant et inquiétant, comme si quelque chose était étrange et décalé, mais on ne sait pas quoi. Quand on l’a enregistré, cela m’a fait entrer en transe et je me suis endormi, ce qui pour moi était un signe de succès", raconte le réalisateur.

Peter Strickland a travaillé dans la vente de vêtements mais assure que In Fabric n'est pas une façon de se venger : "Je ne suis pas intéressé par l’écriture comme vendetta. Il peut être vu comme une satire du consumérisme, d’une certaine manière, mais je le vois plutôt comme une célébration du shopping. Une bonne boutique est presque comme un musée, en un sens. L’atmosphère peut vraiment changer votre humeur".