Qu'on apprécie ou non, on ne peut que rester perplexe devant ce film, écrit et réalisé par Peter Strickland et sorti en 2019, qui ne laisse certainement pas indifférent. Fidèle à leur ligne édito, c'est A24 qui non pas produit mais distribue le film et qui correspond complètement à leur image de boite "à la marge" qui est carrément devenu, en plus d'une simple marque de fabrique, un argument de vente. Ce n'est plus le dernier film de telle ou telle personne mais "le dernier A24", même lorsque le studio ne se contente que de distribuer. On se retrouve alors devant du "elevated horror" (même si je n'apprécie pas ce terme réducteur envers les autres productions horrifiques plus grand public) qui nous présente, en très gros, une robe maléfique. Alors évidemment, c'est bien plus que ça et nous avons également de l'humour noir afin de faire passer le concept un peu plus facilement. Le film est d'ailleurs divisé en deux parties, une première sur une femme qui achète la robe, au départ pour un simple date, puis une seconde se centrant sur un looser. Enfin les deux parties sont plutôt cruelles avec leur personnage, ce sont deux personnes pas très heureuses et plutôt pathétiques, surtout dans leur rapport aux autres, ce dont la robe semble se nourrir. Que le film soit divisé en deux parties à l'avantage de faire terminer la première de manière très abrupte et, encore une fois, cruelle sinon cynique. D'un autre côté, la seconde est beaucoup moins passionnante, le personnage est moins intéressant et ainsi, on se fout un peu des situations qu'il vit. On doit replonger dans une intrigue différente avec de nouveaux personnages etc. et ça fait plus sortir le spectateur du film qu'autre chose, même si elle est plus "légère" que la première ou appuie en tout cas plus sur l'humour. Que ce soit dans la première ou la seconde, on a de toute manière une impression d'intrigue foutraque, beaucoup d'éléments, ça part un peu dans tous les sens et ça n'a que très peu de cohérence ou alors, il faut vraiment lire entre les lignes pour en trouver. D'un autre côté, je n'ai pas trouvé ça très grave, c'est ce qui fait le charme du film et puis c'est surtout ce que l'on retrouve dans le giallo, genre dont le film s'inspire beaucoup visuellement parlant. Alors certes, il y a beaucoup d'effets de style assez lourds mais j'ai beaucoup apprécié, de même que cette mise en avant de couleurs très vives, élément qui fait, encore une fois, partie des codes du giallo. "In Fabric" est donc un film quelques fois maladroit, à la limite de l'expérimental mais qui tente de nouvelles choses tout en rendant hommage à un genre qui n'existe presque plus.