Fernando Meirelles s’était fait très discret depuis son ambitieux projet choral raté (« 360 ») et la mauvaise réception au Festival de Cannes de « Blindness » en 2008. Pourtant c’est le réalisateur acclamé de « La Cité de Dieu » et « The Constant Gardener », deux films majeurs. Le voilà qui grossit les rangs des grands noms du cinéma après, entre autres, Soderbergh, Scorsese ou Baumbach, qui s’essaient à réaliser un film indépendant dit haut de gamme pour le compte de la plate-forme Netflix. Et si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous en dépit de la renommée des cinéastes précités (rappelons-nous l’épouvantable « The Laundromat » de Soderbergh), « Les deux Papes » est une excellente surprise sur un sujet passionnant avec deux acteurs au sommet de leur art dans un lieu pratiquement jamais montré au cinéma, en l’occurrence le Vatican.
Inspiré de faits réels, car on ne saura jamais la teneur exacte des échanges de ces deux illustre hommes de la religion catholique, « Les deux Papes » s’avère à la fois intéressant et captivant. Dès les premières images, le script se pare d’humour avec ce pape qui essaye de réserver un vol en ligne. Et ce côté un peu iconoclaste bienvenu et tout à fait soluble avec le sujet se maintiendra par petites touches jusqu’à cette excellente séquence de conclusion avec nos deux papes (argentin et allemand) qui regardent la finale de la Coupe du monde où leurs deux pays s’affrontent. Une scène qui montre leur amitié malgré leurs différences et divergences et qui représente le cœur du film. On reprochera cependant que les joutes verbales entre les deux personnages ne soient pas plus poussées et matière à débat, les dialogues se focalisant plus sur la notion de foi, de sacrifice pour la tâche et de pardon. Mais tout cela reste brillamment écrits avec des dialogues en or massif. Et il faut avouer qu’il n’est pas toujours aisé de captiver le spectateur avec presque uniquement deux acteurs et de longues logorrhées théologiques, pourtant ça l’est. Et il n’en serait rien sans la force et l’investissement d’Anthony Hopkins et Jonathan Pryce qu’on préfère voir là, dans des rôles à la hauteur de leur talent, plutôt que de se brader dans ses séries B pour payer leurs impôts. Ils sont tous deux exceptionnels et parviennent à bien nuancer leurs personnages.
En effet, au début on pense à une élégie pour le Pape François, plus réformiste, et une charge contre le Pape Benoît bien plus conservateur. Mais, au fil des minutes et de l’amitié qui se noue entre les deux, le regard se fait bien moins clivant. Ce qui empêche ce film au sujet passionnant même pour les non croyants d’être vraiment excellent, ce sont ses maladroits flashbacks revenant sur le passé du Pape François durant la dictature argentine. Ils nourrissent peut-être le personnage mais s’imbriquent bien mal dans le reste du film, que ce soit visuellement et même sur le fond tant ils paraissent maladroits. Dommage. En revanche, le fait d’investir le Vatican (sans cela le film aurait pu faire toc) est admirable et passionnant. Les décors de ce lieu mythique pour l’histoire de la religion chrétienne sont optimisés, de la superbe chapelle sixtine à la résidence d’été des papes, cela permet de découvrir et d’admirer ces murs saints. Un film qui met la lumière de manière astucieuse et passionnante sur une passation de pouvoir aux coulisses peu connus entre faits réels et fiction. Un très bon moment bercé par des échanges de haute tenue entre deux grands du cinéma.
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