Après un « Beau soleil intérieur », j’ai craint que Juliette Binoche se répète. Dans les deux films, par contre, elle ne craint pas de se mettre réellement à nue. Physiquement et psychologiquement. Ses metteurs en scène savent filmer sa nudité. Et l’actrice semble assumer son corps de la cinquantaine. Je dirai presque qu’elle est à l’image de ses deux personnages, Isabelle et Claire, elle a comme un besoin de nous dire, combien elle est encore désirable. « Celle que vous croyez », Juliette Binoche interprète Claire qui fuit le temps qui s’apprête à rider son corps. Une course contre le temps, un temps qu’il ne faut plus perdre. On retrouve ce thème dans « Un beau soleil intérieur ». Claire se révèle peu à peu psychologiquement fragile. La séquence où elle dit : « Je veux bien mourir… mais pas abandonnée » et « Il n’y a pas d’âge pour être une petite fille » est poignante. Claire veut aimer et être aimée. Elle se refuse à finir seule. Elle a été ébranlée quand son mari a abandonné le foyer pour une femme bien plus jeune qu’elle. Déstabilisée elle est, quand son amant, plus jeune lui aussi qu’elle, l’évite en ne répondant pas toujours à ses appels. Il veut vivre sa relation avec Claire de manière ponctuelle alors que Claire la souhaiterait régulière. Alors Claire décide de l’atteindre en passant par le site de son copain, Alex, avec lequel il partage l’appartement. Alex est évidemment plus jeune qu’elle. Elle flatte les photos d’Alex mises en ligne et provoque assez rapidement un échange. Pour ce faire, elle revoit son âge, s’invente une identité. Elle se crée un avatar avec la photo d’une jeune femme. Malheureusement, cela amuse qu’un temps, à partir du moment où l’échange épistolaire se meut en une rencontre physique, ce n’est plus la même histoire. Surtout que Claire et Alex n’avaient pas prévu de tomber amoureux ! Comment sortir de la spirale du mensonge quand le désir rend Claire incontrôlable ? Je ne cache pas que cette partie du film flirtait avec l’ennui tout en saluant l’audace du point de vue du metteur en scène en limitant Alex, François Civil, à une voix audio ! Puis deux twist sont venus me secouer. Après réflexion, la première partie prend tout son sens, elle était indispensable pour installer une atmosphère à terme préoccupante.
Aussi étrange que cela puisse paraître, j’avais un sérieux doute sur l’avatar : mon intuition m’a donné raison sur la nièce de Claire.
« Celle que vous croyez » est un thriller sentimental prenant, appuyé par une bande-son soignée signée Ibrahim Maalouf. En soi, Safy Nebbou invite le spectateur à s’armer de patience. Eh oui, il faut un certain temps pour installer une relation amoureuse…