Étant plutôt intéressé par les films qui osent mettre les pieds dans le plat, montrer de la violence crue et sans détour, à l'image de la réalité, j'ai regardé Baise-Moi avec une certaine appréhension au vu des critiques déjà données. Et je dois avouer que je suis dans cette mouvance négative. La scène de viol est certes très réaliste et difficilement supportable (point "positif" entre 36 guillerets...car montrer l'horreur quotidienne comme tel et comme elle est, il n'y a rien de mieux pour chambouler le spectateur et le faire prendre conscience du genre humain, à mon humble avis) ; d'ailleurs, Despentes avait de quoi en savoir quelque chose, traitant de son propre viol avec une amie à elle dans King Kong Théorie, mais autrement : que dire?
Les acteurs/actrices jouent tous extrêmement mal, sans vouloir critiquer la défunte Karen Lancaume, alias Karen Bach, actrice porno de son état. On croirait véritablement qu'ils ont été choisis parce qu'ils avaient un faciès approprié pour l'histoire ; mais pour le talent, on repassera. La mise en scène, pas spécialement développée ni importante pour le propos, n'en est pas moins affreusement délaissée, et le montage comporte nombre de traitements ou coupes complétement ridicules, bancales, voire franchement insupportables (des ralentis plutôt minables et j'en passe).
Autrement l'histoire elle-même tient sur un ticket de métro : une tueuse (même un peu "candide") sortirait-elle son flingue devant une inconnue juste comme ça, en proposant d'aller vadrouiller pour buter quelqu'un? Les psychologies touchent en effet le degré zéro d’intelligibilité. De même pour nombre de rebondissements ahurissants et improbables (la scène du distributeur de billets en tête, dans le genre impensable...).
La musique, un genre de mix hasardeux de simili-punk à la sauce frenchouillarde, m'a particulièrement fait grincer des dents.
Bref, l'histoire avait d'assez bonnes bases d'ensemble (deux nanas trop souvent rabaissées par les hommes à cause de leur sexe, et qui décident de se révolter contre ce machisme et la société en général); mais par un effort pour tout saboter, Despentes et Trinh Ti ratent sous tous les angles ce qui aurait pu être un vrai film à messages, percutant.
Dans le genre, on reverra avec un plaisir extraordinairement supérieur les excellents Irréversible de Gaspar Noé, ou Strawdogs de Sam Peckinpah...