Avec Baghdad Station, Mohamed Al Daradji a voulu travailler sur les raisons qui poussent quelqu'un à commettre un attentat suicide. Le metteur en scène explique : "Ça a été notre plus grand challenge, avec ma co-scénariste, Isabelle Stead, nous avons dû nous glisser dans la peau de cette femme qui planifie un acte inconcevable. Pourquoi voudrait-elle devenir kamikaze ? Est-ce une décision prise sous La menace ? Est-ce pour donner un sens à sa vie ? Est-ce une raison religieuse, le souhait d'aider à construire l'utopie islamiste, ou le désir d'un mariage pieux au paradis ? Est-ce un moyen de s'émanciper en tant que femme ? Qu'est-ce qui motive ces femmes ? Pourquoi deviennent-elles de bons et loyaux soldats à la solde d'organisations patriarcales ?"
Cette histoire est tirée de faits réels : en 2008, une femme kamikaze, cinq minutes avant l'explosion de la bombe, est finalement entrée, rongée par les remords, dans un poste de police et a confessé être une terroriste. Mohamed Al Daradji explique : "Les forces de l'ordre l'ont alors déshabillée et attachée au portail du commissariat. Elle n'avait que 16 ans. Cette nouvelle m'a beaucoup troublé. Une fille si jeune, arrêtée pour quelque chose de si sinistre. Aux quatre coins du monde, des histoires similaires ont eu lieu : à Moscou le 29 mars 2010, deux femmes kamikazes se sont fait explosées dans deux stations de métro. donnant la mort à 38 personnes et blessant plus de 60 personnes."
Mohamed Al-Daradji étudie à Baghdad en Irak et à Hilversum aux Pays-Bas, avant de partir compléter son Master en cinéma et réalisation à la Northern Film School de Leeds, en Grande-Bretagne. En 2003, suite à l'invasion de l'Irak, il retourne dans son pays d'origine pour y tourner son premier film Ahlaam, qui est projeté dans plus de 125 festivals internationaux, reçoit 22 récompenses et est nominé aux Oscars et aux Golden Globes. Fort de ce succès, Mohamed réalise Son of Babylon, un film bien accueilli par la critique et plusieurs fois primés. Son vaste travail en Irak compte également les tournages de trois documentaires de long-métrage et des missions humanitaires. En 2010, il fonde l'Iraqi Independent Film Center (IIFC), une école de cinéma à Baghdad. Baghdad Station est son troisième long-métrage de fiction.