Le film est de très bonne qualité mais on me l'a un peu trop survendu, d'où une légère déception.
Qu'on soit clair, le film est pleinement immersif dans ce quotidien défavorisé de notre protagoniste. Que ce soit les décors, la réalisation, la BO, les personnages… on arrive très facilement à croire à l'histoire, au personnage d'Arthur et à sa condition.
Cette scène d'introduction dans laquelle il se fait attaquer alors qu'il faisait juste un boulot ingrat fait qu'on génère assez immédiatement de l'empathie pour lui. Pourtant, si le film va très bien expliquer son basculement vers la folie meurtrière, il ne va jamais justifier sa violence. La scène où il
tue les 3 jeunes employés de Wayne Enterprise montre le très efficacement : s'il tue les 2 premiers par légitime défense, la mort du troisième est clairement une exécution.
En ce qui concerne les twists, j'avais deviné celui concernant Sophie car on établit assez rapidement qu'Arthur s'imagine de gros délires. En revanche, je ne m'attendais vraiment à celui
concernant sa mère qui était elle-même folle et à l'origine de la folie d'Arthur.
Le climax sur
le plateau de Murray Franklin est aussi très intense, car évidemment, on s'attend à ce que cela dégénère, mais on ne sait pas comment, et quand cela arrive, c'est tellement brusque que cela offre un fantastique effet choc.
Evidemment, l'interprétation de Joaquin Phoenix est excellent, même si ses meilleures scènes d'interprétation sont celles où il n'est pas encore le Joker. On notera aussi une très belle interprétation de Zazie Beetz et Brett Cullen fait aussi bien le taff. Petite déception pour Shea Whigham, qui est un acteur que j'adore, pour lui faire jouer juste un inspecteur de police assez oubliable qui ne lui permet pas spécialement d'exprimer son talent. En revanche, énorme surprise concernant l'interprétation de Leigh Gill qui réussi à être très touchant et générer beaucoup d'empathie en très peu de scènes.
Ma principale critique, c'est que le message social est pas très subtil et on a un peu tendance à trop l'appuyer, notamment avec le personnage du patron d'Arthur. Je trouve aussi que le film transitionne assez maladroitement entre ses différentes intrigues
(carrière d'humoriste d'Arthur, situation social de Gotham, recherche de ses origines), car les enjeux sont très différents dans chacune d'entre elle, ce qui fait qu'on va passer d'une scène à l'autre avec un ton pas très raccord par moment.
Mais cela reste du très bon travail, et effectivement, on ne s'attendait pas à ce que Todd Philips réalise un film aussi dur et profond.