Ne vous faites pas avoir comme moi - qui en plus n'avais même pas vu la bande-annonce, voulant garder la surprise : le Joker a beau être un clown, qui plus est traité de manière totalement comique dans les dessins animés de Batman, ici, vous ne verrez pas un film comique (je ne pensais pas en voir un, cela dit rien d'aussi sérieux non plus), mais bien un drame, comme indiqué sur cette page sous le titre.
Et comme l'écrit Wikipédia, un drame est "un genre cinématographique qui traite des situations généralement non épiques dans un contexte sérieux, sur un ton plus susceptible d'inspirer la tristesse que le rire. Généralement, un drame repose sur un scénario abordant avec le moins d'humour possible un thème grave qui peut être douloureux, révoltant".
C'est exactement le cas ici. Si on hésite parfois à pouffer lors des crises de fou-rire du personnage principal, on ressent surtout de la pitié pour son handicap, on est... navré pour lui. C'est d'ailleurs l'une des spécificités de cette réalisation : elle nous fait comprendre. Comprendre comment le Joker va devenir ce qu'il est dans les Batman, comprendre parfois même ce qu'il éprouve.
Ce qu'il faut également souligner pour ne pas être déçu en la regardant, en plus du registre dramatique de la production, c'est qu'elle présente l'évolution de la folie du Joker. C'est sa genèse. Ses tout débuts. Ne vous attendez donc pas à le voir secondé par d'autres criminels, dont Harley Quinn, vous verrez "seulement" les origines du Joker. Il aurait d'ailleurs pu s'appeler Joker : les origines.
Je mentionnais la bande-annonce, et je suis finalement bien content de ne pas l'avoir vue, car je l'ai fait après le film et je la trouve un peu trompeuse (comme souvent finalement pour les bandes-annonces) : si elle ne triche pas sur la personnalité d’Arthur Fleck, elle donne l'impression qu'il s'agira d'un film rempli d'action, ce qui est faux, puisqu'il a un rythme lent, presque comme un film psychologique. C'est à l'approche de la fin qu'il s'emballe.
La musique cadre parfaitement au personnage et avec l'ambiance de Gotham, elle appuie voire crée les moments de tension. Elle met mal à l'aise, mais elle est quand même bonne. Elle est l'expression d'un esprit malade, celui du Joker.
Quant à Gotham, c'est clairement un Gotham de misère, pour lequel le Joker - fidèle en cela à celui de Christopher Nolan, le chien fou - est l'étincelle qui met feu au gaz.
Si je devais relever un point qui m'a un peu gêné, c'est tout de même le fait que, comme pour de plus en plus de réalisations sur des "méchants", on lui trouve une raison, ou une excuse : ici, il n'a pas de chance, et en plus, c'est un handicapé. Comme si cela légitimait qu'il devienne le Joker. Je trouve ça un peu gênant voire facile.
Pour finir, il faut saluer le gros travail de Joaquin Phoenix pour avoir autant maigri. Et surtout pour avoir aussi bien joué. Ses expressions du visages sont parfaites pour son personnage.
De là à ce qu'il reçoive un oscar, je ne sais pas si c'est mérité, mais il incarne vraiment très bien ce malade mental.
A noter qu'il me fait penser à Albert Dupontel, et que Robert De Niro est uniquement là pour le décor.