Seul Paolo Taviani peut aujourd’hui ajouter ses remarques ou ses commentaires à la sortie de ce film sur les écrans, puisque son aîné Vittorio est mort le 15 avril dernier. Pour leur dernière collaboration, tous deux ont choisi de mettre en scène le combat de ceux qui, en Italie, prirent les armes afin de lutter contre les fascistes. Nous voilà donc emportés dans le Piémont en 1943 au cœur des âpres combats que se livrent les armées rivales. Deux des combattants engagés dans les rangs des partisans sont des amis de jeunesse : l’un est Giorgio (Lorenzo Richelmy), l’autre Milton (Luca Marinelli), ainsi surnommé à cause de sa passion pour la littérature anglaise (à l’occasion d’une scène, il annonce, par exemple, son intention de traduire « Wuthering Heights », le chef d’œuvre d’Emily Brontë).
Mais ce qu’on découvre rapidement, au moyen d’une série de flashbacks, c’est que les deux amis sont aussi des rivaux. Tous deux, en effet, avant de s’engager dans l’armée des partisans opposés aux fascistes, ont fréquenté assidûment Fulvia (Valentina Bellè), une jeune fille d’une extrême beauté. Dans les scènes où elle apparaît, elle est si ravissante, en effet, que l’on partage sans peine la fascination de Giorgio et Milton. Tous deux en sont amoureux, bien sûr, ce que l’on découvre par le moyen d’une succession de scènes où l’on partage des goûts communs pour la littérature et le jazz ou, simplement, les sorties dans la nature et le batifolage.
Mais, à cause de la guerre, il faut se résoudre à se quitter, admettre le départ de Fulvia qui préfère trouver refuge en ville, et prendre parti contre les fascistes. Séparé de Giorgio par les aléas des ordres donnés aux combattants, Milton entreprend cependant de retrouver son ami et rival et, lorsqu’il apprend que ce dernier a été capturé et risque d’être exécuté, il redouble d’efforts pour pouvoir le sauver de la mort, au moyen d’un échange de prisonniers par exemple. Mais encore faut-il pouvoir disposer d’un détenu issu du rang des fascistes…
Tel est, grosso modo, l’enjeu de ce film dont ni le scénario ni la réalisation ne sont très innovants, il faut le dire. Les Taviani ont construit un film de facture tout à fait classique, mais néanmoins réussi et assez captivant. Et puis, tout de même, parce qu’on a affaire à des cinéastes qui connaissent leur métier, ils ont su, à l’occasion de quelques scènes, susciter de l’étonnement.
Ainsi, lorsque, du milieu d’un ensemble de cadavres, se relève une petite fille indemne qui va boire un verre d’eau avant de revenir se coucher parmi les morts. Ou encore, lorsqu’on découvre un prisonnier fasciste féru de jazz au point de se mettre à imiter les gestes d’un batteur et les sons des instruments de l’orchestre.