Paul Greengrass est connu pour son style inimitable, maintes fois copié mais rarement égalé ou surpassé, qui a révolutionné le cinéma d’action dans les années 2000 avec la saga Jason Bourne. Mais en dehors de cela, il aime à traiter des sujets d’actualité ou récents comme en témoignent « Captain Philips » avec Tom Hanks qui prenait pour contexte la piraterie en mer et surtout son magistral et tétanisant « Vol 93 » concernant l’attentat du vol éponyme. Son premier fait d’armes dans le genre reste cependant « Bloody Sunday ». Ici, il s’attaque à un autre attentat, double celui-ci. En l’occurrence aux plus importants qui aient touché la Norvège dans toute son histoire, ceux d’Oslo et d’Utoya le 22 juillet 2011. Et conforme à sa réputation et ses habitudes, « Un 22 juillet » est assez exemplaire, à la fois visuellement fort et émotionnellement puissant.
Le scénario de ce nouveau long-métrage est très factuel, ce qui correspond plutôt bien au sujet. Les fait, rien que les faits, bien que le film précise bien s’inspirer de la réalité mais ne prétend pas en être l’exacte réplique. Fidèle à son passé de documentariste, Greengrass nous montre dans une première partie haletante et qui fait froid dans le dos, les attaques en elles-mêmes. La partie sur l’île avec les adolescents est particulièrement éprouvante et la mise en scène froide et clinique apporte un sentiment anxiogène qui ne rend certes pas ce qu’ont dû vivre les victimes - mais est-ce possible? - et n’égale pas non plus le côté intensément immersif de « Vol 93 ». Néanmoins, cette partie n’est pas loin de nous le faire partager. La seconde choisit de se placer du côté d’une des victimes rescapées et handicapées à vie, de sa famille, de l’avocat du terroriste, dudit terroriste et du premier Ministre. Un panel représentatif assez restreint pour ne pas s’éparpiller mais qui évite le point de vue unique et forcément réducteur.
Ce qui est plus étonnant pour un tel sujet, c’est que le réalisateur semble ne pas prendre parti en tentant de rester le plus neutre possible. Louable mais compliqué de ne pas condamner fermement de tels actes. Ou alors la volonté de le faire était là mais se révèle moins perceptible dans le rendu final. Dans tous les cas, la seconde heure est plus classique et attendue, alternant les points de vue dans un montage rapide mais heureusement moins syncopé que ce que pouvait faire Greengrass sur ses précédentes œuvres, avec l’état de choc, le procès ou encore la rémission du jeune rescapé. Mais le metteur en scène a fait un choix judicieux et vraiment pertinent pour pallier à l’anglais obligatoire de manière à ce que son film soit facilement exportable à l’international : il n’a pris que des comédiens norvégiens, inconnus du grand public. Et cela aide fortement au processus d’identification pour le spectateur. « Un 22 juillet » est donc un film nécessaire, parfois dur, qui englobe bien tous les points de son sujet. Pas l’œuvre la plus forte de Greengrass ni la plus passionnante, à cause d’une seconde partie un peu plus longue et faible, mais une œuvre qui reste à voir.
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