On était en droit de se demander quel était l’intérêt de réaliser (en simultané) deux films sur l’attentat du 22 juillet 2011 en Norvège. Sept mois après la sortie au cinéma de l’excellent Utøya, 22 Juillet (2018) d’Erik Poppe (qui retraçait minute par minute, par le biais d’un remarquable plan-séquence de 72min, la tuerie sur l’île d’Utøya), cette fois-ci, c’est par le biais d’une production américano-norvégienne réalisée par Paul Greengrass (Jason Bourne - 2016), que l’on se retrouve de nouveau plongé au cœur de cette terrible affaire. Il s’agit de l’adaptation du livre "En av oss" ("Un de nous"), écrit par la journaliste Åsne Seierstad (le livre dresse le portrait de plusieurs survivants, ainsi que d’Anders Behring Breivik, le terroriste).
Contrairement à la version norvégienne (qui se focalisait uniquement sur le massacre perpétré lors du camp d’été de la jeunesse travailliste), cette nouvelle version décide de s’intéresser à l’affaire dans sa globalité. Un film fleuve de 140 minutes qui expédie relativement vite les attentats, car ce ne sont pas les éléments les plus importants ici (l’explosion de la bombe dans le quartier des ministères et l’arrestation du terroriste sur l’île, tout cela se fait en 30min montre en main ), là où Erik Poppe prenait le temps de poser les bases, Paul Greengrass se débarrasse des attaques pour mieux se focaliser sur « l’après », à savoir son arrestation, sa confrontation avec son avocat, le sort des victimes et leurs convalescences et enfin, le procès du terroriste.
La première chose qui frappe ici, c’est le traitement qui est fait du terroriste. Alors qu’Erik Poppe avait fait le choix de ne jamais le montrer (sauf par le biais d’une silhouette déshumanisée), c’est bien évidemment tout le contraire ici, puisque ce dernier est quasiment présent dans tous les instants du film et est interprété par Anders Danielsen Lie (Oslo, 31 août - 2011).
Paul Greengrass n’est pas un novice en la matière, on lui doit Vol 93 (2006), sur le détournement d’un avion de ligne lors des attentats du 11 septembre 2001. Avec Un 22 juillet (2018), on évite fort heureusement le sensationnalisme, pour une retranscription bien plus factuelle. Cependant, le réalisateur aurait peut-être pu synthétiser d’avantage son film, lui évitant une durée excessive et des digressons superflus (notamment la poursuite en motoneige).
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