« Un adultère ». À première vue anodin voire banale, ce titre reflète en réalité ce que ce genre d'événement implique dans toute sa complexité, de son origine jusqu'à son dénouement, et ce sur les trois personnes impliquées. On ne s'en rend pas tout de suite compte, mais cette idée de diviser en trois « chapitres » plus ou moins égaux, épousant à chaque fois le point de vue d'un protagoniste
tout en poursuivant le récit
, je la trouve extrêmement pertinente et même assez subtile, évitant tout manichéisme ou réelle prise de position, le regard de Philippe Harel évitant tout jugement, le comportement de chacun pouvant prêter à discussion tout en se comprenant. Certes, la « faute originelle » vient d'Alice et Julien, mais il est tout aussi intéressant de voir comment évolue l'attitude de Marie, passant presque de
victime à « coupable » tant les décisions qu'elle prendra nuiront finalement à tous (elle la première), sans qu'on puisse la considérer responsable pour autant. Elle fait ce qu'elle pensait être pour le mieux, à tort
. C'est aussi cette dimension très humaine qu'on apprécie (excellemment interprétée par le trio Isabelle Carré - Xavier Lemaître - Roxane Arnal, notamment les deux premiers), avec des êtres faillibles, ne maîtrisant pas tout : Marie pense sincèrement que
mettre hors-jeu l'amante est la chose à faire, sans anticiper qu'elle en voudra à son mari au plus de ne plus supporter qu'il la touche
. Un processus narratif assez original, donc, mais donnant surtout du sens au récit et aux enjeux qui s'y développent. Dommage qu'une poignée d'aspects restent peu compréhensibles
(quel intérêt pour Alice de venir chez sa « rivale » puis ensuite de se faire engager ? D'autant que ce n'est jamais dit explicitement)
, l'entreprise souffrant d'un léger manque de rythme, le téléfilm ne se démarquant pas franchement par sa qualité visuelle. Mais pour toutes les qualités évoquées précédemment, sans oublier une conclusion en
voix-off non sans amertume
évoquant presque François Truffaut (ou plus récemment Emmanuel Mouret), voilà une réussite inattendue, surtout de la part du réalisateur des « Randonneurs » et autres « Vélo de Ghislain Lambert ».