Fort bel hommage à Tomoyuki Tanaka, un des créateurs de Godzilla, cette co-production americano-japonaise aura tenu toutes ses promesses. Les effets spéciaux sont d’un effet saisissant, ils sont même plus réussis, plus réalistes que ceux de l’affreux remake qui interviendra 16 ans plus tard, c’est dire ! (Oui j’ai décidé de le revoir après avoir vomi la version de 2014, histoire de ne plus rester sur ce mauvais goût en bouche). On est loin de l’histoire d’un monstre aux pouvoirs magiques qui détruit les immeubles comme un chateau de cartes pendant 2h avec seulement des militaires en train de le poursuivre pour l’anéantir. Les apparitions de Godzilla sont dosées, pesées pour éviter de nous rebuter, ses comportements sont réfléchis, tranquillement, comme les adopterait un animal de sa carrure, son esthétique entre un dinosaure et un lézard géant est aussi terrifiante qu’imposante. La caméra ne se prive d’ailleurs pas de s’attarder sur ses aspects les plus intimidants, si ce ne sont pas ses pattes aux griffes démesurées ça va être ses crocs aux dents acérées, et si ce n’est pas son corps colossal et musclé ça va être juste son regard perçant et terrifiant. Les prises de vues en ce sens, avec la lumière environnante et l’angle choisis, s’avèrent bel et bien impressionnantes. Entre chaque apparition, ce sont les histoires parallèles qui se développent, entre la journaliste en quête de reconnaissance, les militaires qui se creusent la tête pour trouver comment arriver à bout de la bête, les scientifiques qui tentent de les guider, Philippe (Jean Réno) et son équipe française jamais à court de magouille pour arriver à leurs fins, le maire en recherche de popularité à tout prix, une histoire d’amour -classique-, et enfin d’autres surprises qu’on va éviter de dévoiler on est quand même gâtés. Godzilla s’impose en tant que guide touristique pervers, démolissant
directement ou indirectement un à un des édifices emblématiques de
la ville de New York, c’est tellement méticuleux visuellement qu’on a presque envie de se rassurer et vérifier que tout est toujours en place en vrai. Le suspens se met en route lorsque le monstre devient hostile, et qu’il se lance à la poursuite d’un groupe de personnes qu’il a décidé de prendre pour cible, on parvient à y croire, on est embarqué dans l’action malgré nous, et on arrive bien à ressentir l’angoisse provoquée par la menace présente derrière. Bon, il y aura toujours de la surenchère rendant pas mal de faits exagérés et irréalistes, mais rien de bien méchant, c’est au service du spectacle ou de l’humour. En effet, l’on ne manquera pas de noter que ce film sait aussi faire rire, que ce soit ce rire un peu hystérique conséquent de la peur ou bien le rire taquin derrière l’auto-dérision des américains ou de leur armée. Cette version de « Godzilla » vaut largement le coup d’oeil, allez-y les yeux fermés, ou plutôt grands ouverts, il n’y a pas de lézard là-dessus !