Farhadi, en forme après avoir gagné un deuxième Oscar, sort de sa zone de confort pour ce nouveau film. Il tourne pour la première fois en Espagne et aussi avec deux stars internationales: Cruz et Bardem. Un village au centre ibérique, à l'opposé des histoires urbaines qu'il a tourné en Iran, même à Paris, où un magnifique casting devra découvrir le responsable d'un crime. Toutefois, le triste événement ne sera qu'une excuse pour qu'on connaisse leurs secrets et leurs rancunes du passé, toujours présents malgré qu'on essaye de les cacher derrière un sourire. Ce qui tout le monde sait, mais personne ne dit.
Il s'agît d'un cadre exceptionnel pour le réalisateur, en effet. mais on arrive à reconnaître son style selon l'histoire se dénoue. Les découvertes et les complications du récit sont présentées en toute naturalité, sans coup d'effet, sans musique, sans un plan révélateur, en silence, calmement. Comme on avait déjà vu dans Une séparation, Le passé ou Le client, on dirait que la réaction n'appartienne qu'au public. Dans aucun cas aux acteurs, qui, malgré leur jeu détendu, loin du tour-de-force, nous offrent des performances efficaces et précises, surtout de la part de Cruz et Lennie. Cette retenue amplifie l'effet des découvertes et elle semble la clé du succès des scénarios de Farhadi: le fil conducteur qui d'étend en douceur, sans obstacles.
C'est extraordinaire de témoigner la connaissance du réalisateur de la campagne qu'il recrée. Il refuse de jouer la carte de l'exotisme et il évite toute folklorisation de l'Espagne. Loin de cela, les échos de Carlos Saura et les faits divers du fin fond du pays résonnent tout au long du film. Farhadi enregistre un endroit calme, cordial où la moindre tension peut déchaîner des conséquences fatales, une hostilité dangereuse qui montre l'envers de la carte postale. En gros, les soucis qu'on connaît aux villages: disputes autour des héritages ou des terrains et de rumeurs qui finissent pour être vrais. Toute une surprise qu'un visiteur ose faire un portrait si vraisemblable sans tomber dans la docilité face au public local. Un risque qui devient un point très fort du film.
En plus, selon le récit avance, la découverte des criminels devient presque banale, un MacGuffin. Notre plus grand intérêt c'est de savoir ce qui c'est passé entre tous ces voisins en peine. Chaque secret frappe d'une façon subtile et devient une blessure pour le bonheur des personnages. Le plus on s'approche à la solution du crime, le plus les gens se détruisent entre eux. De façon inévitable, même si l'énigme sera résolu, la rancune et les secrets révélés empêchent une fin heureuse telle comme on la voudrait. Au même temps, on sait que le criminel ne deviendra qu'un autre secret connu par tous mais que personne dira.
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