« Lola et ses frères » n’a pas d’autres ambitions, que de vouloir nous embarquer dans la relation, toute simple et pourtant compliquée à la fois, d’une fratrie composée de Lola, Pierre et Benoît.
Ces trois frères et sœurs plus tout jeunes, pétris de problèmes, aussi bien matériels qu’existentiels, sont en tout état de cause, plus dans l’incommunicabilité que le partage des galères du quotidien.
En soit l’histoire de tout un chacun, que Jean-Paul Rouve, ici à la double casquette de comédien et réalisateur, a un peu de mal à rendre prenante et émouvante.
Chacun a en effet, pendant trop longtemps, bien peu à nous raconter, et les liens qui unissent ce trio, en étant un peu schématiques, ne suffisent pas à le rendre d’emblée sympathique et touchant...
Et malgré tout sans s’y attendre, ce cinéaste en creusant davantage à l’intérieur de ces personnages, arrive enfin à faire apparaître leurs travers, leurs fêlures, tout ce qui les rend fragiles et vulnérables, en les empêchant de se construire et d’avancer dans la vie.
L’émotion prend alors forme tout à coup, au détour d’un instant, d’une révélation, d’un simple regard que l’on attendait depuis la moitié du film, pour enfin s’attacher à ces trois êtres et s’intéresser à leur mal être enfin sincère et déjà bien plus juste qu’au commencement !
Comme si Jean-Paul Rouve avait enfin réussi à sortir ces âmes en peine de leur enveloppe assez artificielle et un peu clichée, dans laquelle il les avait enfermés à l’origine !
Si bien que l’impression d’assister à une famille dont on ne comprend pas trop la nécessité de la montrer à l’écran, s’efface peu à peu pour entrer un peu tard dans un fonctionnement et des échanges qui auraient pu se mettre en place bien avant.
Ce film, finalement assez déséquilibré, devient en définitive une peinture assez juste des sentiments, des non-dits, de la difficulté à s’ouvrir aux autres...
Ludivine Sagnier nous offre des moments tendres, un jeu assez subtil, tout comme José Garcia sensible et très différent de son jeu habituel, tandis que Jean-Paul Rouve semble lui, plus caricatural.
Alors il en ressort une impression mi-figue, mi-raisin d’autant plus que cette façon de se chamailler et de se déchirer tout en s’aimant par dessus tout, devient une tendance qui se généralise actuellement au cinéma, un peu facile et gentillette, en se contentant ainsi d’un esprit bisounours un peu trop réducteur !
Heureusement, ici le meilleur est pour la fin...