J'avais écrit après « Les Souvenirs » que David Foenkinos semblait plus à l'aise en tant que scénariste original qu'en adaptant ses propres romans : je ne suis pas loin de changer d'avis... Les bons sentiments, pourquoi pas, mais à petite dose. Là, on est quand même en surrégime. D'autant que le film s'avère parfois légèrement indolent, ayant un peu de mal dans la première partie à trouver un vrai fil conducteur, quelques scènes n'ayant pas grand intérêt, certains passages, aussi amusants soient-ils, n'étant pas très crédibles. Heureusement, la démarche de Jean-Paul Rouve est tellement humble, modeste qu'on ne peut qu'avoir un minimum de sympathie pour « Lola et ses frères ». On sourit souvent, et même si c'est toujours dans une logique assez gentillette, il y a un minimum de soin dans l'écriture, les situations et les personnages pour que cela passe à peu près. Bien qu'inégal, pour ne pas dire lassant par moments, on s'attache à ce joli trio et à ceux qui l'entoure, justement parce qu'ils ne sont pas parfaits, bourrés de doutes : on pourrait les connaître, créant ainsi une proximité. Enfin, la dimension sociale comme la pointe d'amertume présente
(Lola n'aura pas d'enfants « à elle », Pierre ne se remettra pas avec sa compagne)
évitent de sombrer dans la guimauve, le trio Ludivine Sagnier - José Garcia - Jean-Paul Rouve fonctionnant impeccablement, nous faisant regretter la carrière si pauvre du second ces dix dernières années tant il brille dès qu'on lui en donne l'occasion. Un joli petit film, sans envergure et beaucoup trop gentil pour avoir une quelconque ambition, mais je pense que ce n'était même pas le but initial : juste nous faire passer un moment sympa avec des personnages agréables portés par d'excellents comédiens : là-dessus, le contrat est honnêtement rempli. C'est peu, mais il faudra s'en contenter, alors...