Voilà un film de perception, un film qui se ressent. Fabienne Berthaux nous propose une œuvre fouillée et documentée, tirée d’une histoire vraie, qui traite un sujet rare et très peu vu au cinéma : le chamanisme. Mais loin, très loin, du film fantastique ou d’horreur, elle nous invite à un voyage sensoriel et réaliste que l’on sent très respectueux des sujets qu’il investit. L’histoire suit donc une jeune veuve éplorée qui va découvrir la spiritualité en Mongolie lorsqu’elle y part pour enregistrer des sons d’ambiance traditionnels. Sa rencontre avec une chamane va changer sa vision de la vie, de la mort et de l’au-delà. « Un monde plus grand » montre parfaitement, avec douceur et délicatesse, comment Corinne va découvrir et adhérer au monde spirituel.
Lorsqu’arrive le générique de fin et que l’on comprend que ce qui nous est montré provient d’un récit ayant vraiment eu lieu, le film prend une toute autre dimension et nous pousse à une réflexion. Pas faciles à filmer et mettre en images sans tomber dans le ridicule, les scènes de transe sentent vraiment le vécu et nous heurtent autant qu’elles le font pour le personnage principal. Ses questionnements et ses hésitations, tout à fait légitimes, sont bien rendus. Et Cécile de France fait vraiment honneur à l’histoire de Corinne. On la sent vraiment concernée, sans fard. Elle donne tout pour ce rôle et semble s’être investie bec et ongles dans ce périple aussi bien artistique que psychologique. Elle mérite tous les éloges pour ce rôle intense et qui ne tolère pas d’approximations.
En plus de son sujet passionnant, « Un monde plus grand » est une ode à la nature et à l’évasion que permettent les magnifiques paysages mongols. Malgré quelques baisses de rythme, des répétitions et deux ou trois maladresses, ce long-métrage s’avère intéressant, troublant et rare. Le travail de deuil, l’ésotérisme et la spiritualité sont dépeintes de manière naturelle et crédible. Bien sûr, il faut laisser son côté cartésien à l’entrée de la salle et se laisser guider pour apprécier pleinement ce cheminement intérieur. On est parfois presque à la lisière du documentaire, notamment dans la manière dont la culture mongole traditionnelle nous est décrite. Mais un documentaire immersif, fascinant et beau. C’est une œuvre qui fait appel aux sensations et aux ressentis plus qu’à notre simple appréciation morale, culturelle et artistique. Les images sont belles, ce qui nous est conté encore plus et le personnage principal est attachant et touchant. Tout cela dans un film unique, onirique et qui interpelle, que demander de plus.
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