Même s’il n’impressionne pas par son originalité, le début du film est prometteur. Il nous met en présence d’ouvriers du bâtiment à Dakar qui travaillent sur différents chantiers proches d’une tour futuriste baptisée Atlantique. Or, depuis plusieurs mois, ils ne perçoivent aucun salaire et, bien évidemment, font éclater leurs revendications et leur colère. L’un d’eux, du nom de Souleiman, retrouve bientôt Ada, jeune fille d’une grande beauté dont il est amoureux. Malheureusement, cette dernière est déjà promise en mariage à un homme riche prénommé Omar. Tout est organisé par les familles, le mariage doit avoir lieu bientôt, contre le gré d’Ada. Les coups de théâtre s’enchaînent alors. D’une part, on apprend à la jeune femme que son amoureux a pris la mer sur une embarcation de fortune pour, avec d’autres ouvriers, essayer de trouver une terre accueillante où il pourra travailler et gagner sa vie. Plus tard, au cours de la fête de mariage d’Ada, un incendie se déclare dans la chambre luxueuse qui devait recevoir les époux. Bientôt, apparaît un jeune policier défaillant, malade, chargé de mener l’enquête. Puis, ce sont les morts qui se manifestent : des femmes aux yeux vides comme des zombies venues réclamer de l’argent à un employeur.
Chacun de ceux qui lira ces lignes se demandera probablement ce que c’est que ce film, à quel genre il appartient, et il (ou elle) aura raison de se poser la question. Car, en vérité, on a affaire à quelque chose comme un fourre-tout, à un film hybride qui s’emploie à mélanger les genres sans jamais vraiment réussir à donner suffisamment de liant pour convaincre. Drame social, romance, polar, film fantastique… La réalisatrice multiplie les styles au risque de donner le sentiment d’effleurer son sujet. C’est un peu comme une mayonnaise qui n’a pas pris. Les ingrédients sont de qualité, mais une fois mélangés, ils n’ont plus de saveur. Certes, il reste le personnage d’Ada, superbe et émouvant, mais il ne suffit pas, à lui seul, à relever le goût de ce film. Son tournant fantastique, avec l’apparition des mortes-vivantes, m’a semblé particulièrement médiocre. Je comprends l’idée de la réalisatrice qui a voulu faire se confronter les vivants et les morts, mais le résultat désappointe. Quant au Grand Prix qui a été attribué à ce film à Cannes, il ne me semble pas du tout mérité !