Lorsque le réalisateur Vahid Jalilvand et son co-scénariste Ali Zarnegar ont commencé à travaillé sur le film, ils partageaient leur temps entre l’hôpital et le cimetière. Le premier se souvient : "Un jour nous parlions avec un docteur, un autre jour avec un fossoyeur, on les a observés dans leur travail, on passait du temps avec eux. Mais nous ne savions toujours pas ce que nous allions raconter, on voulait simplement retranscrire ce sentiment de souffrance. Il nous a fallu 16 mois avant de finaliser l’histoire du film."
Vahid Jalilvand explique à ce sujet : "Les fautes commises par les individus sont des sous-produits de l’insécurité. Ce sont la conséquence de circonstances particulières, de privations émotionnelles, de rejet de la communauté... Des conditions familiales défavorables, des négligences parentales et le manque de confiance en soi, vont conduire l’enfant dans un univers violent où aucun droit ni aucune règle ne pourront l’arrêter. Une société basée sur des obligations et des interdictions, et non sur la conscience et la dignité, se cache derrière ses règles dans les moments critiques. Les lois sont inefficaces et même dangereuses si la dignité humaine n’y est pas respectée."
Dans la philosophie orientale, la "sagesse vivante", dont la priorité est la "survie", est très différente de la "sagesse du jugement" qui porte un regard différent sur les situations et nous rappelle en permanence l’idée de la vie après la mort. La "sagesse du jugement" ne considère cependant pas le courage en conflit avec la raison et parle même d’un être humain "moral courageux", comme un être transcendantal. "Dans le film, le Docteur Nariman considère la raison d’une manière différente. Au début, il a peur et rejette la vérité, mais avec un peu de recul, il ouvre les yeux et fait le choix du courage, celui de connaître la vérité, de l’affronter. Tout son défi est d’arriver à concilier raison et courage", précise Vahid Jalilvand.
Dans ses films, Vahid Jalilvand accorde une grande importance à la perception et à la connaissance qu’ont les acteurs de leur personnage et des situations dans lesquelles ils se trouvent. Lors des répétitions, le metteur en scène et ses comédiens ont passé énormément de temps à comprendre chacun des personnages dans le moindre détail. Il se rappelle :
"Je préfère travailler avec des acteurs qui ont davantage de connaissances de la société et de la vie réelle, que d’expérience dramatique. Dans le film, tous les personnages, même les coupables, ont des motifs compréhensibles de faire ce qu’ils font. Et nous n’avons pas voulu les condamner ni les juger. Aussi, dans le film comme dans la société iranienne, les femmes sont plus audacieuses et courageuses que les hommes."