La grosse force du film repose sur l'excellente prestation de Marina Foïs et Jonathan Cohen. Même s'il faut avouer que le personnage du père, caractérisé et montré comme omniprésent durant la grossesse, écrase le personnage de Claire mais du coup aussi un petit peu Marina Foïs qui n'est là que pour faire-valoir le rôle joué par Jonathan Cohen. Heureusement, Marina Foîs offre une ou deux scènes à elle où elle montre toute la vraie étendue de ses capacités
(je pense notamment à la scène où l'infirmière lui touche le ventre et que Claire explose en lui faisant comprendre qu'elle n'en peut plus de tout ça)
. J'aurai quand même intégré un peu plus de mise en contradiction de Claire envers Frédéric.
L'autre force, et qui fonctionne vraiment bien je trouve, c'est le parti pris de Sophie Letourneur d'avoir tourné des scènes réelles en situation, dans des vrais hôpitaux avec de vraies infirmières et sage-femme en champs, et d'avoir ensuite construit en fiction les contre-champs, en imaginant les dialogues et les réactions du duo d'acteurs. Cela donne une vraie authenticité à l'ensemble du film, avec aussi une grande part d'improvisation qui rend les scènes encore plus réalistes et touchantes. J'ai beaucoup aimé la scène de l'accouchement, car il est filmé en temps long, ce qui permet de vraiment éprouver le moment en même temps que la mère. Et à ce niveau, de façon globale, je trouve que le film réussit pleinement à convaincre de l'extrême difficulté et de l'épreuve vécues par les femmes durant leur neuf mois de grossesse, que ce soit sur le plan physique et psychologique, et du courage qu'il faut déployer pour arriver au plus beau jour de leur vie. Je pense que les hommes sous-estimerons toujours la force dont il faut faire usage pour ça, en voyant en plus son corps et sa physiologie se transformer en si peu de temps ! C'est un vrai parcours de combattante. (Mesdames, je vous admire.)
Mais en parallèle de ces moments de vérité quasi-documentaire, il y a aussi des moments très drôles, avec beaucoup de situations comiques portées par Jonathan Cohen encore une fois, qui excellent dans ce genre d'exercice, des situations qui auraient pu paraitre lourdes d'ailleurs à certains moments, mais qui me semble au final très bien dosées et dans le bon ton.
Alors oui, il y a effectivement cet acte de l'entrave à l'IVG, pénalement répréhensible et qui, dans le film, n'est peut-être pas suffisamment diabolisé comme il aurait dû l'être pour vraiment faire comprendre que l'homme n'a pas à choisir pour la femme. Et le ton de l'humour et de l'absurde avec la fin "heureuse" et d'acception "forcée et imposée de fait" par Claire, ne va pas non plus dans ce sens car lui réussit son but malgré tout, au détriment du bonheur réel et profond de Claire qui n'a, au final, plus son mot à dire dès la naissance du bébé terminée, ce qui donne le sentiment d'acception du procédé et du moyen pour en arriver au but. L'ambiguïté et la maladresse du traitement scénaristique pour cet élément déclencheur du film est effectivement pas très habilement amenée et trop peu mis en contradiction (seule la scène du père face à l'avocate l'explique réellement, mais là encore, la scène est tournée en dérision...), donc je comprends la polémique qui est normale sur un sujet si peu connu et si peu condamné lorsqu'il survient (car peu de femmes n'osent porter plainte).
Et du côté de la mise en scène, il y a aussi ce parti pris d'être en équipe réduite durant le tournage, ce qui se voit nettement par le très faible éclairage et lumière dans toutes les scènes, qui donne une image brute, mais qui peut coller au propos et renforcer le côté "authentique"... Au final on s'y habitue vite, ce qui n'est plus dérangeant passé le premier quart du film. A noté aussi l'absence de maquillage sur les visages, et sur ce point, il faut saluer Marina Foïs et Jonathan Cohen, d'avoir accepté d'apparaître sous leur vrai visage, ce qui n'est pas admis de tous dans le métier !