Énorme film fantastique, avec un sujet vraiment intéressant qu'est l'invisibilité, le pro de la mise en scène horrifico-fantastique qu'est James Whale réussit à mettre en scène un héros de l'ombre, sans image : un homme invisible donc.
Interprété avec talent par un Claude Rains alors débutant dans le métier, sa réussite est finalement sa non apparition totale durant le film, hormis le plan finale évidemment. Jouant avec une voix efficace, car omniprésente, il sait donner à lui seul une atmosphère inquiétante et presque pesante.
Mais la réussite de L'homme invisible n'est pas seulement due à une interprétation talentueuse, elle est avant tout marquée par une débauche d'effets spéciaux incroyables pour une époque si reculée. On se demande encore comment il fut possible de faire enlever ce bandage de la tête du personnage principal, ou encore comment le pyjama flotte dans l'air. Sur de nombreux plans James Whale sait comment surprendre le spectateur, que ce soit lors des ouvertures de portes, de fenêtres, des déplacements d'objets ou encore des attaques sur les hommes. Mention spéciale pour la scène du vélo, ou l'on voit l'objet se déplacer droit sans personne dessus, faisant tourner pédales et roues, réussissant même une chute.
Si le personnage de Rains est omniprésent, la petit plus qui renforce la qualité du film est le nombre totalement impressionnant de figurants, de policiers précisément. Lorsque ceux si encerclent la maison ou avancent avec leur filet, on a droit à une direction juste et précise, car aucun ne semble jouer de façon minable comme le font nombres de figurants.
Je dois dire qu'il y a un grossier aspect négatif, tellement dingue qu'il semble être un canular. Je parle bien évidemment, et ceux qui l'ont vu auront, je pense, le même avis que moi, la femme du tenant de l'auberge. Le problème de cette femme est qu'elle hurle, elle beugle avec une haine visiblement ardue contre les pauvres spectateurs qui sont démunis devant cette pauvre bête. On souffre vraiment, ce n'est pas une blague, c'est douloureux.
Mais malgré ce point négatif, L'homme invisible se distingue d'une qualité cinématographique rare, enfin, si peu chez James Whale mais si forte dans le cinéma. Servis avec des effets spéciaux dingues, même lors de la chute de la voiture dans le ravin, qui aurait pu être bâclée ou ratée, non, elle est superbe.
Cette oeuvre est à voir car elle permet de découvrir un personnage qui se veut retrouver son état d'origine, et qui est forcé, mentalement en fait, de faire du mal. Et aussi, un des aspects fortifiants et la seule apparition du visage de Claude Rains en dernière minute, mais surtout, sa voix dure qui sait donner le ton, sombre.