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Un visiteur
4,0
Publiée le 1 octobre 2016
Aujourd’hui je ne suis pas d’humeur à analyser mais j’ai envie de vous parler d’un film magnifique et assez injustement malconnu : « Sunday » du réalisateur Jonathan Nossiter. A voir absolument si vous voulez mon avis ! C’est un film intemporel par son sujet : dans une grande ville où l’identité se noie (à savoir le New York des 90s), une histoire d’amour naît entre deux êtres que tout sépare : Olivier, un ancien cadre au chômage qui vit désormais misérablement dans un foyer, sans espoir de retrouver un travail et Madeleine, comédienne embourgeoisée, qui se dilue dans un ennui mortifère jusqu’à ne plus savoir qui elle est. Elle le prend pour un autre, il ne la détrompe pas. C’est ainsi que commence leur relation…
La rencontre de deux "paumés" qui préferent se réinventer le quotidien pour sortir de leurs détresses. Beaucoup de sensibilité, entre poésie et crudité, doté d'une très belle photo, d'un montage audacieux pour traduire le recours à l'imaginaire, porte de salut pour ces deux anti-héros magnifiquement interprété par David Suchet et Lisa Harrow qu'on a plaisir à suivre dans leurs destinées. Leurs volonté de bonheur même fugace envers et contre tous est subilement mis en scène. Sans complaisance pour autant, un excellent film.
Vrai coup de coeur pour ce premier film de Jonathan Nossiter. Une histoire extrêmement poétique ou les personnages principaux passent leur temps à fuir la réalité qui es entoure en s'inventant des histoires. Il faut dire que cette réalité n'est pas des plus heureuse, nous sommes ici loin du rêve américain. Le réalisateur nous montre cette réalité sans misérabilisme et c'est bouleversant.
Issu du documentaire, Jonathan Nossiter, qui signait avec "Sunday" son premier film, semble avoir tiré de ce genre de cinéma la substantive moelle qui fait généralement défaut aux auteurs traditionnels de fiction, à savoir une acuité du regard sans fioritures. En dépit de ses aspects réalistes qui donnent à voir - tout en évitant habilement la complaisance - la misérable inanité du quartier du Queens où les lumières et buildings des milieux huppés brillent au loin comme autant de représentations désabusées et ironiques - car hors de portée - du rêve américain, le metteur en scène n'a pas oublié de pourvoir son film une dimension poétique forte où la forme et le fond se rejoignent pour former une imbrication saisissante d'admirables séquences au service d'une narration qui mêle, elle-même, réalité (fictive) et fiction.
David Suchet et Lisa Harrow, tous deux impressionnants de vérité, se livrent corps et âme à ce jeu de mensonge(s) consenti(s), cette méprise salutaire, seuls moyens pour ces deux laissés-pour-compte en quête de meilleurs lendemains, de conférer à leur pitoyable existence un semblant de romanesque palpitant, une porte de sortie inopinée à la vacuité permanante du Queens où tous les jours se résument à ce simple phonème : "Sunday" ou Dimanche, jour du néant. Signe que les coeurs battent très fort chez ces êtres de fiction perdus dans un amas de crasse et d'immondices, à mille lieues de l'Amérique idéalisée des studios hollywoodiens, souligné par la lumière poisseuse de Michael F. Barrow et John Foster. On en ressort remué. Et ça fait du bien.