Celui que l’on surnomme le "japonais cannibale" à 32ans lorsqu’il abat froidement une jeune étudiante de 24ans. Après avoir violé sa dépouille, il la consommera (pendant 3 jours) en prélevant plusieurs parties de son corps (nez, langue, épaule, organes génitaux, anus, cuisse, soit près de 7kg de chair). Issei Sagawa, tristement célèbre pour voir tué et mangé (en partie) Renée Hartevelt, une étudiante néerlandaise à Paris en 1981 sera jugé pénalement irresponsable suite à une expertise psychiatrique. Il sera interné en France puis extradé au Japon avant d’être libéré en 1985.
« Je sais que je suis fou. »
Lucien Castaing-Taylor & Verena Paravel (De humani corporis fabrica - 2023) dressent un étonnant et (très) déroutant portrait de ce cannibale. Un individu au destin inimaginable et pour cause, pendant toutes ces années (jusqu’aux débuts des années 2000), il aura réussi à subvenir à ses besoins « grâce » à son crime. Devenu tristement célèbre après ses exactions, il sera consultant pour la police, tournera dans des publicités et écrira bon nombre d’ouvrages dont un manga où il relatera son terrible méfait parisien (on en voit d’ailleurs plusieurs extraits dans le film, où il se met en scène,
en train de se repaître de la jeune femme, nu et en érection
), on hallucine en comprenant que cet ouvrage a bel et bien été édité et vendu dans le commerce.
« Le cannibalisme est nourri d'un désir fétichiste. »
Diminué par la maladie (qui serait dû à une encéphalite japonaise), Issei Sagawa donne l’impression d’être sous Tranxène®, il débite ses phrases difficilement, comme si le cerveau n’était plus irrigué (un mot toutes les 30 secondes). Mais cela ne l’empêche nullement d’être parfaitement lucide sur ses actes et sur ce qu’il souhaiterait (se faire manger par un confrère cannibale), tout en s'exprimant principalement en japonais et à de rares fois en français. Le film alterne aussi avec quelques images d’archives et notamment des extraits pornographiques où Issei s’adonne à quelques séances d’urophilie
(il se fait uriner dans la bouche tout en se masturbant).
« Je voulais manger ses fesses plus que tout au monde. »
Mais le plus troublant dans cette sordide histoire, c’est sans nul doute la relation qu’il noue avec son frère. Pendant toute la première partie du film, Jun Sagawa était resté en retrait, mais petit à petit, les réalisateurs (et anthropologues) nous dressent le portrait d’un homme tout aussi inquiétant que son frère. Jun se livre face caméra et nous raconte que cela fait 60ans qu’il se livre à toutes sortes de penchants sado-maso, en s’automutilant (avec des barbelés, des lames de couteaux, du feu, …).
« J'essaie pleins de choses pour trouver la douleur parfaite. »
En découvrant à la fois ces témoignages et ces images, on comprend mieux comment ce documentaire s’est retrouvé être interdit aux moins de 18ans. Caniba (2018) s’avère être un étrange exercice de style assez particulier où tout au long du film, les réalisateurs vont tenter de mettre en lumière la folie et la déviance à travers d’innombrables cadrages flous et autres gros plans. Des scènes parfois dénuées du moindre dialogue (comme ce plan de 4 min fixé sur le visage d’Issei. On ne l’imagine pas, mais 4 min en gros plan sur son visage en train de mastiquer, sans dialogue, c'est long, très long). Le film est tellement lent que malgré ses 90min, le temps ressenti avoisine les 2h30... dire que l'on trouve le film long s'avère être ici un euphémisme.
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