La fabrique d’un monstre
Francis Lawrence avait déjà réalisé les 4 premiers volets de cette saga, adaptée de l’œuvre de Suzanne Collins. Ce 5ème volet est donc un prequel et remonte aux sources de cette dystopie maintenant très célèbre et très suivie. Ces 158 minutes sont à la hauteur avec ce qu’il faut de suspense, d’action, de violence, de morceaux de bravoure, de sentiments pour le moins extrêmes et une grande qualité plastique. Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d'après-guerre. À l’approche des 10ème Hunger Games, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent. Pari gagné avec de nouveaux héros qui « accrochent » le public et pourraient bien remplacer rapidement leurs prédécesseurs dans cette saga dystopique qui ravira les fans… et pas mal d’autres.
L’intrigue se déroule 64 ans avant que Katniss Everdeen se porte volontaire comme Tribut, ce qui marque le début du 1er volet de 2012. Cette fois, le long-métrage s'intéresse aux origines de Coriolanus Snow, où, encore étudiant, il entame son périple qui le conduira à la présidence de Panem. Cet opus explore également un tournant dans la reconstruction de Panem, après la guerre, et la consolidation de son régime autoritaire. Ce film parle des conséquences de la guerre, en abordant des enjeux comme le syndrome de stress post-traumatique, la propagande, la perte d’êtres chers et la disparition d’un certain mode de vie… Le tour de force du scénario est de rendre l’invraisemblable, sinon crédible, au moins cohérente et de nous prendre au jeu. Les personnages sont complexes et animés de sentiments multiples voire contradictoires, la mise en scène stupéfiante – tout comme les effets spéciaux -, le tout ponctué de numéraux musicaux bienvenus donnant à l’histoire des faux airs de Roméo et Juliette dystopique. Qui plus est, ce prequel assume sa dimension sociale et politique, tout en nous parlant de la montée du fascisme, et en s’interrogeant sur nos instincts primaires. Beaucoup plus intelligent que la grosse majorité des films pour ados, tout en restant un grand spectacle.
Tom Blith est une découverte qui vaut le détour et qui forme un couple parfait avec la magnifique Rachel Zegler qui, après avoir été la Maria de Spielberg dans son extraordinaire West Side Story et avant de devenir la nouvelle Blanche Neige en 2025, explose littéralement dans ce film par son abattage, sa présence et sa qualité de chanteuse. Voilà vraiment une actrice à suivre. Mais il faut aussi noter dans la distribution pléthorique, les numéros de Viola Davis, Peter Dinklage, le cabotinage réjouissant de Jason Schwartzman, ou encore Hunter Schafer et Josh Andrès Rivera. Bien sûr, on ne saurait passer sous silence – c’est bien la formule adaptée -, la musique symphonique de James Howard, un des meilleurs compositeurs attitrés de ces fresques et autres sagas, puisqu’il a déjà à son actif les partitions des quatre Hunger games précédents, Jason Bourne, des films de Night Shyamalan, Batman, Les Animaux fantastiques… faut dire qu’il hante les plateaux depuis 1986 et, qu’à 72 ans, il a toujours bon pied, bonne oreille. Bref, on ne s’ennuie pas et ce film remplit tous les critères de ce qu’on peut attendre quand on va au cinéma voir ce genre de films.