Meltem
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Jean-Kim Messin
Jean-Kim Messin

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4,5
Publiée le 4 janvier 2020
Avec Meltem, Basile Doganis nous embarque pour 1 heure et demie de tourbillon dans les Cyclades. Un tourbillon d'abord insolite car le réalisateur, fasciné depuis toujours par les marginaux et les laissés-pour-compte (banlieusards, réfugiés, yakuza, artistes avant-gardistes, danseurs de buto...) fait le pari audacieux de nous donner à voir, dans le microcosme des cyclades, le carambolage de tous ces exclus et excentriques. Une vision inhabituelle et intime, très éloignée de l'image paradisiaque des fêtes et retraites méditatives pour hipsters de Mykonos ; une vision dérangeante où le réalisateur nous fait partager sa Grèce à travers le regard profane de jeunes qui n'ont aucune de ces clefs "intellectuelles" ou "culturelles" prétentieuses pour comprendre le contexte hellène ou la crise des migrants qu'ils vivent pourtant en direct le temps d'un été.
On pense à ce roman de Mohsin Hamid, "Exit West" où des portes magiques s'ouvrent à travers le Monde et projettent des migrants hors de leurs contextes avec pour seul kit de survie la volonté de s'en sortir et l'amour des autres.

Le tourbillon devient alors touchant car, ne nous trompons pas : on ne va pas voir Meltem pour comprendre la crise des migrants. Basile Doganis nous dit que nous sommes tous des exclus, des marginaux, des migrants.Grand admirateur du Japon et de sa culture, mais aussi de ses marges et de ses angles morts, nous joue une partition dissonnante : l'été, les vacances, les Cyclades, la jeunesse et la force des convictions mais aussi les migrants syriens fuyant la guerre, la crise économique, la violence du décalage entre ces jeunes banlieusards à qui la crise grecque et la démocratisation des transports aériens permet certes de venir profiter de la Méditerranée mais où trouver sa place et affronter le regard et le jugement des gens reste un défi entier, comme à la maison...

Meltem a l'énergie chaotique de la jeunesse ; sur le plan technique, cadrage, prise de son direct, direction d'acteur, mise en scène, montage sont au service d'une trajectoire qui n'est pas et ne veut pas être linéaire : elle épouse les saccades, les impulsions et les hésitations de ce quatuor de jeunes qui se cherchent individuellement et s'entraident avec leurs pauvres moyens mais leur sincère spontanéité face aux problèmes universels de l'accueil, de la reconnaissance, de l'acceptation et de l'intégration.

Allez donc voir Meltem ; oubliez que l'intrigue doit être une histoire cohérente : les soubresauts de nos réflexions et émotions n'ont rien de rationnels ; laissez vous charmer par l'énergie sincère et naturelle de ces jeunes qui sont comme nous tous : propulsés dans un Monde où les problèmes globaux et individuels se rejoignent dans le décors du quotidien et où nous sommes bien mal armés malgré nos croyances, nos savoirs et nos principes pour faire face aux grands problèmes existentiels et sociaux.
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