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    Marche ou crève
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Marche ou crève" et de son tournage !

    Le mot de la réalisatrice

    Marche ou Crève est l’histoire d’Elisa, une jeune femme qui devrait être sur le point de partir, de quitter sa famille et qui pourtant n’y parvient pas. Cette famille a longtemps été unie par rapport au monde extérieur : elle a fait face aux regards malveillants, aux injonctions des éducateurs, à la fatalité annoncée du handicap très lourd de Manon, la soeur aînée. "J’ai choisi de raconter cette histoire d’un point de vue unique, celui d’Elisa, et de traverser son rapport au monde, son conflit de loyauté vis à vis de son père, sa prise de conscience progressive d’une situation qui devient de plus en plus intenable. J’ai voulu que sa relation à Manon soit à la fois douce et violente, vivante et mortifère. La répétitivité des scènes quotidiennes avec Manon nous fait comprendre l‘impuissance et la rage qui l’accompagne, et consolide l’étau d’Elisa, qui va peu à peu perdre pied jusqu’à la séquence du lac où elle pense à noyer sa soeur. J’ai voulu que sa relation au père soit aussi immédiatement complice et solidaire. Elisa se range du côté de François, contre sa mère, elle est le bon petit soldat de son père et y trouve une place qu’elle a toujours eu du mal à trouver. Elle est persuadée que le père veut et fait le bien de Manon. Elle s’apercevra que le combat qu’il mène (et continuera sans doute de mener) est perdu d’avance : Manon ne peut pas aller mieux. Le handicap exacerbe les liens affectifs et pose de manière plus générale la question du poids de ces attaches, de la culpabilité, de la jalousie, de la séparation. On ne peut pas s’empêcher d’aimer son frère ou sa soeur, mais à quel prix ? C’est la question que traverse Elisa dans le film", explique la réalisatrice Margaux Bonhomme, qui s'est inspirée de sa propre expérience pour ce film.

    Un film de Bonhomme !

    Née en 1974 à Paris, Margaux Bonhomme commence à faire de la photographie à l’âge de 14 ans. Elle travaille auprès de photographes de Magnum et de Rapho qui lui permettent de découvrir le reportage, mais c’est par le cinéma, à la London Film School, qu’elle acquiert la maîtrise technique de l’image. De retour à Paris en 1998, elle devient directrice de la photographie en fiction et en publicité, tout en continuant son travail photographique personnel, qu’elle expose à Paris et à Arles. Un Certain dimanche, son premier court-métrage réalisé en 2009, raconte une chronique amoureuse entre deux jeunes adolescentes et lui permet d’aborder les thèmes qui la touchent particulièrement : l’inquiétude, la rupture, et la fin de l’enfance. Le film est sélectionné dans des festivals à travers l’Europe, et obtient le Prix du Public au Festival de Pontault Combault. Elle écrit et réalise La Voix de Kate Moss en 2012, une comédie qui critique l’image de la femme véhiculée en publicité, milieu où Margaux Bonhomme travaille en tant que réalisatrice. Ce film est récompensé par le Prix du Public au Festival du film de Montpellier. En 2011, elle réalise le court documentaire Bel Canto, sur un jeune handicapé qui veut s’insérer dans une chorale et devient chanteur. Le sujet lui tient particulièrement à coeur, Margaux ayant grandit avec sa soeur polyhandicapée, Sylvie. Elle décide ensuite d’aborder ce sujet personnel plus frontalement à travers son premier long-métrage Marche ou crève.

    Spéciale dédicace

    Margaux Bonhomme dédie Marche ou crève à sa soeur. "J’avais le même âge qu’Elisa, le personnage principal, lorsqu’il a été question de placer ma soeur, handicapée physique et mentale, dans un centre et, comme Elisa, cela a correspondu au moment où je devais quitter la maison pour partir faire des études ; un moment extrêmement douloureux. Un thème, aussi, très délicat à exploiter au cinéma. Quand je me suis lancée dans l’écriture, j’ai compris qu’il me fallait partir de quelque chose d’intime. C’était la seule façon pour moi de trouver l’émotion. Il me suffisait d’évoquer un souvenir, un sentiment, pour faire naître une scène. Alors, oui, le thème était dur, mais j’ai eu la chance d’y intéresser rapidement une productrice, Caroline Bonmarchand, qui m’a encouragée, accompagnée et soutenue. Elle a été touchée par l’histoire et convaincue de sa portée universelle."

    Incarner une personne handicapée

    Jeanne Cohendy, la comédienne qui interprète Manon, est absolument extraordinaire dans Marche ou crève. "J’étais formidablement accompagnée dans cette recherche par la directrice de casting, Adelaïde Mauverney. J’ai longtemps imaginé tourner avec une personne réellement handicapée. Je pensais pouvoir adapter le scénario en fonction de son handicap. J’ai commencé mes recherches tout en auditionnant parallèlement des comédiennes et compris que, sauf à me lancer dans cinq ou six ans de réécriture et de travail avec la personne, non seulement je n’y parviendrais pas, mais, qu’en plus, j’allais sans doute imposer à cette femme des situations désagréables. Jeanne est arrivée à ce moment là et elle dépassait ce que j’avais imaginé possible. La réalité était mieux que le fantasme : elle était Manon, et même beaucoup plus Manon que celle du scénario. C’était magique.

    Pendant un an et demi, quotidiennement, Jeanne a travaillé sa démarche, sa posture, ses mains, son regard, sa voix. Cela a été une longue préparation rigoureuse, sous les conseils avisés de psychomotriciens, la professeur de chant de Jeanne, Françoise Rondeleux, et une coach, Danny Héricourt. Dès que je voyais que quelque chose me semblait faux, nous retravaillions. Elle devait non seulement devenir le personnage mais aussi acquérir une vraie confiance en elle dans ce travail : c’était capital sur la durée. J’ai compris progressivement que Manon, c’était vraiment ma soeur, et que Jeanne, avec sa sensibilité, sa générosité, et son talent, voulait bien lui prêter sa voix et son corps. Cependant, Jeanne ne devait pas imiter les gestes d’une personne handicapée, mais l’incarner. Sinon, ça aurait sonné fabriqué et faux. Pour cela, il fallait qu’elle trouve en elle-même les handicaps qu’elle pourrait faire ressortir", confie Margaux Bonhomme.

    L'envoûtante Diane Rouxel

    La talentueuse Diane Rouxel incarne Elisa, la soeur de Manon : "J’avais eu un coup de foudre pour elle en la découvrant dans La Tête haute d’Emmanuelle Bercot. Elle a beaucoup aimé le scénario et nous ne nous sommes plus lâchées pendant les deux années qu’il a fallu pour finir l’écriture et monter le financement du film. Dès sa rencontre avec Jeanne Cohendy, Diane s’est tout de suite positionnée en soeur protectrice. Leur ressemblance physique et leur entente naturelle dans le travail donnent une vraie grâce au film. Cédric Kahn est venu lui aussi rapidement : il avait beaucoup de considération et d’admiration pour le personnage du père. Et ça, c’est très important qu’un comédien aime son personnage, tant pour ses défauts que pour ses qualités. Il s’est rendu très disponible pour travailler, et retravailler encore pour le connaître sur le bout des doigts. Nous avons fait de longues répétitions tous ensemble. On a fait un travail d’improvisation sur toutes les scènes pour aller jusqu’au bout de leurs enjeux et même les dépasser. Ainsi, nous avons réécrit pratiquement tous les dialogues du film. C’est une étape indispensable selon moi pour permettre aux comédiens d’incarner les personnages en s’appropriant leurs émotions et leurs mots, avec leur façon de parler", relate Margaux Bonhomme.

    Super 16 sinon rien

    Margaux Bonhomme rêvait de tourner Marche ou crève en Super 16 : "C’est grâce à Julien Roux, notre chef-opérateur, qu’on a pu tourner en pellicule. Il passe beaucoup plus d’émotion dans la pellicule que dans le numérique. J’aime à croire que c’est du au fait que la lumière doit traverser la pellicule pour l’exposer alors que le numérique enregistre froidement des données. Quand je fais de la photographie, je travaille d’ailleurs encore aujourd’hui en argentique. Et puis, je trouve plus facile de travailler en super 16 : il y a plus de cohérence, plus de tenue naturellement. On est davantage dans l’instinct et même l’accident devient beau. C’est aussi mon rapport à la photographie qui m’a guidée pour choisir le format carré de l’image, car je voulais que le film soit un portrait d’Elisa, et de sa famille. Il m’a permis d’être très proche de mes personnages, et de les isoler grâce au cadre."

    Un titre dur

    Si certains peuvent ne voir dans le titre Marche ou crève que la métaphore militaire, il en était autrement pour Margaux Bonhomme : "C’est une expression qui exprime bien la vision que j’ai du monde et de la réalité. C’est provocateur, c’est violent, mais c’est à cette dureté que sont confrontés mes personnages. Mais le film est plus tendre que je ne l’aurais cru. C’est mon leitmotiv quand j’écris ou que je fais une photographie. Je sais que le texte ou l’image vont me révéler autre chose que mon intention première, et donc quelque chose que j’ignorais sur moi-même et sur ma vision des choses."

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