Si l'on colle l'oreille aux têtes de ces gamines, on entend la mer... Bien entendu, on n'est pas passé à côté du discours dénonçant l'hypersexualisation des jeunes filles (il aurait fallu être aveugle et sourd, autrement), et si l'intention était louable, on ne peut pas dire que l'on a pris un quelconque plaisir à regarder Mignonnes (n'est pas Divines qui veut), bien au contraire. Pour commencer, on rêve de retirer une sandale à ces ignobles filles pour les achever avec, car à ce stade de méchanceté gratuite et stupidité, on pense leur rendre service (et encore plus à autrui). Elles font saigner nos tympans avec leurs vulgarités, elles s'entretuent pour des broutilles, sont odieuses avec les adultes, elles n'ont pour unique passion que de s'habiller en taille 4 ans et imiter des positions sexuelles en dansant, clairement ces personnages sont totalement antipathiques, on se moque bien de leur sort, pire, on n'attend que la catastrophe (on en devient malintentionné, malgré nous, ce qui est très désagréable). Pire, si l'on comptait sur la mise en scène ou le scénario pour nous sortir de la simple dénonciation, on tombe sur des scènes étranges (le final avec l'envolée lyrique, on ne sait pas ce qu'il fallait comprendre) ou un discours sans juste milieu pour pondérer. Vous avez au choix : un milieu religieux liberticide (les femmes n'ont pas leur mot à dire, s'habillent abondamment pour ne rien laisser voir de leur corps, sont traitées comme des démons si elles se révoltent...) et un milieu "péripatéticiennes qui dansent le twerk". Sinon, les filles en pantalon, égales aux garçons, ça existe ? On ne fait qu'être jeté tour à tour dans les deux versants pour souligner leurs différences (criantes, évidemment) et leurs liens symboliques (quand l'exorcisme ressemble à un twerk), mais non seulement cela n'apporte rien de plus au message qu'on avait compris dès cinq minutes de film, mais en plus on ne fait que relativiser "l'autre côté" : "il faudrait qu'elle ait plus de droits, c'était pas mieux, finalement, la danse avec les filles ?", "Oh non c'est pire que tout ces gosses, il lui faut un cadre, une éducation... Refaites voir, la famille, c'était si terrible déjà ?". Une vraie partie de ping-pong. On nous sort aussi maladroitement un début de mélo pour expliquer le comportement de la leader (ses parents la délaissent, donc elle devient une tapineuse, demi-mesure quand tu nous tiens) mais bien trop tard (à mi-film), quand on est déjà convaincus de se moquer éperdument de son sort (donc de ses raisons), un vrai coup dans l'eau qui ne nous apitoie pas et n'atténue pas notre envie de lui faire manger ses lunettes. Et pour finir, la mise en scène se tire une balle dans le pied car, à force de filmer en gros plans et trop longtemps les danses lascives de ces gamines, on dirait qu'il faut admirer ces scènes rendues importantes et esthétiques, donc tout l'inverse de la dénonciation. Et encore heureux qu'on n'ait pas l'esprit mal placé, quand on voit certaines scènes, cela devient gênant... Un discours qui compare deux extrêmes sans penser à mettre un "témoin normal" entre, des scènes qui ont tout l'air de magnifier le twerk enfantin (en voulant le dénoncer) et des gamines d'une débilité affligeante qui nous donnent envie de les secouer (attention aux bruits d'eau). Mignonnes, non, Atroces, oui.