Au début de mignonnes il ya la famille et la religion, et donc le mariage. Et puis très vite en même temps, le désir et son objet qui devient un peu le chemin de Damas de la protagoniste (et on verra que symboliquement les personnages secondaires. Un seul désir pour deux états, celui qui permet d'échapper au quotidien, de se voir autrement et de chérir l'autre plus que soi même, et puis l'autre, monstrueux, plus absolu, plus tragique, qui opére une libération sans fin véritable, sans but autre que la satisfaction virile. La puissance de la volonté. Mignonnes dit tant de choses, puisque le beaucoup y est embrassé comme un point aveugle, un foisonnement invisible, dont la réalisatrice s'abstrait à la seule hauteur de son héroïne. Si rien n'est original dans ce choix de l'adoption d'une forme qui resserre une focale autour de la naissance d'une névrose, il en va autrement d'une jeune cinéaste qui superpose adroitement la richesse d'un environnement décrit par traits courts, à des scènes longues de pole dance à l'érotisme frontal, coeur d'une pédagogie du choc, qui peut agacer ou laisser froid. Ce que le film fractionne ainsi, douceur et érotisme, violence du réel et vulgarité, laisse plus que le débat insignifiant qu'il sous tend sur la nécessité d'accompagner l'enfance vers une normalité, chose rassurante qui finit par clore le film dans une parenthèse un peu factice, il voit se confiner la rage comme peu de films l'ont jamais compris. FIlm de révolte, multipliant les effets de réels, gage de son efficacité narrative, la cinéaste à l'intelligence de montrer que la violence se retrouve d'abord dans la réappropriation de soi par soi. Chose physique qui appelle le corps à se soumettre, au dépassement des valeurs, a l'école d'une nouvelle foi. Que Amy se lisse les cheveux avec détresse, qu'elle se prenne en photo pour que son désir devienne une chose à s'approprier, qu'elle force le sexe a entré dans la danse (et dans l'oeil du spectateur !). Jamais la réalisatrice n'élude son portrait d'une fille qui créee pour elle-même et surtout pas le corps et sa sensualité. Permission de créer, cette sensation d'une virtualité infinie, les symboles d'oppressions s'ouvrant de liberté (la robe de mariage flottante de vent, l'imam exorciste devenant le seul à voir un autre chose), et cette même ivresse devenant le poison d'une volonté trop forte, qui fini par estomper les choix de la cinéaste, l'obligeant à une forme eclairée (pour de pas dire naturelle) de rétropédalage. Restera le beau film de l'accompagnement vers l'émancipation et son expression, Mignonnes n'a pas la puissance tragique qu'il commençait à esquisser, mais il reste manifeste qu'il a peut être tenté quelque chose de beaucoup plus grand, rejoignant un panthéon sans structure, des premiers films définitifs sur l'enfance. Poignant.