Le concept est très intéressant à la base, mais la réflexion n’est hélas pas poussée jusqu’au bout pour nous démontrer la portée de cette satire sociale bien pensée. « La plateforme » commence pourtant très bien, les premières explications, les deux premières mises en situation, on est totalement embarqué dedans et prêts à affronter ce qui va suivre, avec beaucoup de curiosité et de panache. Malheureusement la suite est brouillonne, pas si élaborée que ça ni vraiment cohérente.
La gamine qu’ils retrouvent alors que sa mère, elle, jamais, qui réussit à survivre on ne sait pas comment, il ne reste à Goreng que moins de 2 mois à purger alors qu’il est au niveau 6. Il aurait pu peut-être attendre de sortir pour mener sa révolution confortablement, mais non. Si au moins il se rendait compte qu’il ne sortait toujours pas malgré la fin de sa période de rétention, ce serait compréhensible, mais là...
Le film stagne dans son idée de base, s’y accroche trop longtemps sans trop oser la dépasser ni mener des réflexions plus approfondies. La question d’équité, d’altruisme, d’intérêt collectif, de ne consommer que ce dont on a besoin ça on l’a bien compris que la plateforme était une métaphore de la société sur tous ces aspects là, mais toutes les mises en situation choisies ne sont ni assez vastes ni assez pertinentes pour nous épater avec plus de leçons de morales, pas d’exemples poignants non plus qui nous poussent à méditer sur la condition humaine. Les personnages aussi, à part l’exception Trimagasi (dont on applaudit la qualité de jeu d’acteur) n’ont pas suffisamment de profondeur, ils ne représentent pas grand chose qui évoque un intérêt particulier, on a vite fait de les survoler banalement. Le sosie d’Arnaud Tsamère, lui, n’a pas à rougir de sa prestation non plus, c’est juste qu’on aurait aimé avoir un parallèle plus évident avec le livre qu’il lisait et on aurait pu l’accompagner plus loin dans sa quête histoire d’y comprendre quelque chose, c’est dommage d’en être resté là. Ce qui exaspère encore une fois c’est son lot d’incohérences, d’absurdités, de questions sans réponses, je ne pense pas que ce soit voulu c’est surtout à mon avis que les scénaristes eux même bloquent là dessus, en tous cas il y a pas mal de choses pas vraiment très logiques. En fait, ce film commence soigné et rigoureusement présenté, puis continue à se dégrader au fur et à mesure de son parcours, pour se transformer en une copie brouillonne qui non seulement n’est pas très belle à voir, mais dont le contenu a été consommé un peu trop vite dès le départ sans avoir pensé à laisser plus de matière à la suite.